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Dans ce monde où la puissance était quantifiable, Sten n'était pas le plus puissant. Par instinct, comme une impression, il savait que l'entité face à lui, le MRC, le surclassait de pas grand-chose, et ce pas grand-chose était suffisant. S'ils en venaient aux armes, Sten n'avait aucune chance.

Et face à lui la machine de guerre, le robot MRC, ne semblait pas ouvert à la négociation.

Aujourd'hui était le second jour de la rencontre. Le matin peignait des couleurs délavées sur les ruines des immeubles, sur les balcons, faisait étinceler le sel sur le goudron et frémir la végétation. L'air marinait son goût d'algue jusque sur la langue. Le silence des ruines était constamment brisé par des chutes de débris, des grincements, de cette cité qui n'avait pas fini de succomber à la destruction. Toute sa face contre l'océan, là où les digues avaient été brisées, était à moitié noyé dans de la vase.

Pourtant, pas d'insectes, pas de goélands, seulement les plantes asphyxiées par le sel et l'humidité écrasante. Et comme intimidées par la seule présence du robot MRC. Scaphandrier technologique sous son armure d'écailles. Le protecteur de cette cité.

Tout ce qu'avait à faire Sten était de le convaincre de rejoindre ses rangs.

"J'ai amené des chaises, tu en veux une ?"

La machine de guerre ne réagit pas. Dix mètres de distance, pas pour pas, qu'il ne fallait surtout pas franchir. La bête soupira, posa sa chaise ouverte sur le sol et, s'asseyant, déposa l'autre refermée à côté, négligemment. Puis il bâilla, s'étira un peu et se frotta le cou avec un certain détachement. L'air marin ne lui réussissait pas. La situation ne lui plaisait pas.

"La nuit a été bonne ?" Demanda-t-il encore pour briser le silence. "Tu ne dors pas, c'est ça ? Mince, je me rappelle plus la dernière fois où j'ai eu un rêve."

Il aurait voulu que la machine réagisse, mais le robot ne bougeait pas. Vingt tonnes de blindage en écailles ternes taillées pour la nage. Autant de nageoires. Mais ce n'était pas la machine elle-même qui intéressait Sten, et la bête faisait des efforts pour oublier la machine, parler comme s'il avait affaire à un autre être vivant. Il se persuadait qu'il avait affaire à un égal.

Il se leva : "Dans trois jours Goth attaquera Levanes, dix-sept milles bêtes sans défense ! Est-ce que tu te représentes, dix-sept milles vies ? Est-ce que ça ne compte pas pour toi ?"

Une machine ne pouvait qu'être indifférente à un tel argument. Une machine ne pouvait pas avoir d'émotions, donc, ne pouvait pas être sensible à un tel argument. C'était logique. C'était sans faille. Sten avait besoin de croire que le MRC était plus qu'un tas de boulons.

"Ce qui s'est passé ici se passera là-bas. Et moi et mon amie on ne pourra pas l'arrêter seuls, mais avec ton aide, avec ton aide on a une chance. Tu vas vraiment rester là les bras croisés ?"

Le passé avait aussi peu d'importance que le présent. Le MRC ne bougeait pas. Le MRC ne ferait pas ce pas en avant que Sten désespérait de voir. Parce que si la machine refusait, Sten ne savait pas s'il oserait affronter Goth. Il n'aimait pas l'idée de mourir en vain, pas plus qu'il n'aimait celle d'abandonner toutes ces familles, tous ces regards, tous ces sourires et ces yeux suppliants à l'appétit d'un monstre. Il ne serait plus sûr de pouvoir dormir également.

Alors il avait besoin que la machine accepte ce qui lui semblait une évidence. Le rejoindre. Combattre Goth. C'était la chose à faire, et tout ce qu'il pouvait faire était de le répéter jusqu'à le faire comprendre.

Mais toute la journée d'hier s'était écrasée contre l'inertie du robot. Sa voix s'était perdue une journée entière en écho parmi les ruines, et cette matinée n'était pas différente. Il gesticulait, il tournait sur lui-même, il changeait encore et encore d'argument. Logique, émotion, flatteries, concessions, et à son tour il avait ce regard suppliant. Il tournait autour d'un pot de miel qui ne s'ouvrait pas.

Il savait avoir déjà de la chance que le MRC ne l'attaque pas à vue. Tout ce qui tentait d'entrer dans les ruines était son ennemi. Cette exception faite pour lui, cette possibilité de parler, l'avait persuadé que c'était encore possible de faire changer une programmation.

À midi, les positions étaient restées les mêmes.

Sten se sentait en nage. Il but à sa gourde, regarda le MRC puis, secouant la tête, revint à son siège. Une partie de lui se disait que ça ne servait à rien, qu'il perdait son temps parce que ce n'était qu'une machine et qu'il aurait aussi bien pu parler à l'océan. Mais une autre part, idéaliste, lui répéta d'insister.

"Pause." Dit-il avec un doigt levé. "Je mange et je reviens. Ne bouge pas."

Retour en direction de la plage. Sans cela, Amelia allait s'impatienter. Il pouvait sentir, en partant, sur son cou cette impression d'un regard, du MRC qui épiait chacun de ses mouvements. Comme ces statues qui furetaient éternellement. Et dans le midi, avec moins de préoccupations que la dernière fois, il prit le temps de trouver que la cité, quand elle n'avait pas été en ruines, avait dû être superbe.

La route laissa place au sable. Tout de suite, imprimé entre le ciel et l'océan, il avisa la silhouette de leur avion. Gris métal flottant. D'un triste achevé. Ce n'était pas l'échec qui le rendait amer, c'était d'avoir à expliquer une nouvelle fois à Amelia qu'il faudrait faire preuve de patience. Comme si convaincre une personne n'était pas déjà suffisant.

Amelia bronzait à vingt centimètres au-dessus des vagues, en bikini et lunettes de soleil. Elle se laissait porter par l'air et par la musique dans ses écouteurs. Au moins, elle prenait les choses sérieusement.

Une minute plus tard, Sten ressortait avec son sandwich et Amelia posait les pieds sur le sable. Avant même le premier regard elle sut où ça en était.

"Alors, c'était comment avec boîte de conserve ?"

"Comme vouloir expliquer à une voiture que si elle ne démarre pas elle va finir avec ses passagers dans le ravin."

Amelia se délectait de la réaction.

"Tu lui as dit qu'après Levanes Goth reviendrait ici ?"

La bête lui renvoya un regard lassé et tout juste amusé par la remarque. C'était encore plus frustrant de savoir à quel point le MRC était irrationnel. Un simple calcul aurait pu suffire pour convaincre n'importe qui de franchir le pas, mais visiblement les robots étaient mauvais en math.

Il allait mordre dans son sandwich quand Amelia le lui faucha, ignora sa plainte et alla près de piquets de bois récupérer ce qui y pendait et que Sten avait craint être du crabe grillé. Deux minutes pour négocier de reprendre son sandwich où l'hygiène alimentaire se mêla à la défense de la faune et à l'art culinaire. Lorsqu'Amelia menaça de jeter le sandwich dans l'océan, Sten cala son fusil sur sa joue et elle céda. Elle se mit à décortiquer son crabe et lui nota que l'humidité avait salé son pain.

Puis il regarda son sandwich comme s'il hésitait à le manger, et son amie s'arrêta également. Elle savait que ce n'était pas le sandwich qu'il considérait. Il considérait comme convaincre le MRC.

"Je vais y aller sans mon fusil."

Le crabe finit dans l'océan.

"Sten bordel que tu parles à la ferraille passe encore mais fais pas l'idiot ! Il nous laisse tranquille parce qu'on est deux, et qu'à deux on le rétame, mais s'il peut te fumer à part la prochaine sur la liste c'est moi ! Et j'en ai un peu marre de te sauver la peau."

"J'ai pas de peau." Nota Sten.

"Sten. Sérieusement."

Le ton avait changé. Il regarda son amie, nota le changement. Comme une résolution. Il détestait ces instants où elle faisait mine de savoir quelque chose qu'il ne savait pas. Où elle jouait les mères poules.

Mais ce qu'elle essayait de dire, il le devinait aisément. Et pas seulement parce qu'il la connaissait bien. C'était vrai. C'était très probablement vrai. Le MRC attendait simplement qu'ils partent parce que le combat, à deux contre un, lui serait défavorable. C'était une logique implacable, un autre simple calcul visiblement à portée du robot, pour une fois. S'il y allait désarmé, il avait toutes les chances de mettre Amelia en danger, entre autres détails. Et elle, elle essayait de lui dire qu'il était temps d'arrêter de faire le gamin.

Parce qu'on ne pouvait pas convaincre une machine d'aller à l'encontre de son programme. Parce que ce n'était qu'un grille-pain bloqué dans une routine dont il n'avait pas conscience, faute de conscience, et qui le condamnait à rouiller parmi les ruines et parmi les algues. Sten perdait son temps, ce n'était même pas un calcul, plutôt un instinct. Il avait affaire à un être qui n'écouterait pas.

Si lui était rationnel, s'il oubliait ce poing dans les tripes, il arrêterait là.

"Dix-sept mille vies." Répliqua-t-il avec détermination. "Même s'ils évacuent, Goth va tout détruire. Ce sera la misère, la famine. La maladie. Et dans les désespoir ambiant il y aura la violence, tu sais comment ça se passe ! Je ne suis pas une machine, moi, je ne peux pas laisser faire ça !"

"Si. C'est très facile." Jugea Amelia. "Les gens le font tout le temps."

Le sandwich finit aussi dans l'océan.

L'après-midi sur ces côtes, avec la chaleur soudaine, était particulièrement étouffant. Les ruines, autrefois, avaient fait couler l'eau en abondance, dans les fontaines, dans les canaux, dans les rigoles et en cascades et couvert de parcs les artères entre les habitations. Sans toute cette installation, il ne restait qu'un marasme stagnant, salé et piquant. Sten le subissait surtout sur la membrane de ses ailes, l'ignorait autrement. La sueur n'était qu'un désagrément.

Le MRC n'avait pas bougé. Les deux chaises étaient toujours là, l'une dépliée, couverte comme tout le reste par les gouttelettes d'humidité. Avec le temps, le sol y sculpterait ses formes.

D'abord, Sten s'était arrêté. Puis, comme rien ne bougeait, il avait traversé le reste de la distance. Il se sentait nu. Sans défense. Il se maudissait d'avoir eu cette idée stupide, mais sentait en même temps, à chaque pas, à chaque instant qui passait où la machine ne l'attaquait pas, comme un nouvel espoir. La machine n'attaquerait pas. L'anomalie continuerait. Et avec elle cette infime chance de lui faire franchir le pas, de le faire rejoindre le combat contre Goth.

"Eh." Dit-il avec un petit geste de salut négligent. "Désolé du retard, on a essayé de m'intoxiquer au crabe."

Sa main, instinctivement, avait cherché la bandoulière du fusil, le canon. Il ne savait pas quoi faire de son bras à présent. Il essayait de cacher sa tension. Mais le robot, au milieu de la rue, semblait toujours aussi inerte.

"Je commence à comprendre pourquoi il n'y a pas d'animaux. Je croyais que c'était à cause de toi, mais cette cité sent vraiment la mort. Sans offense." Il se força à regarder les ruines alentours. "Comme des stigmates. Ça fait partie des ravages de Goth, c'est ça ?"

Aucune réaction.

Sans y penser, Sten fit un pas. Un pas en avant. Un pas sur ces dix mètres de séparation. Il s'en rendit compte, se figea, se raidit et s'attendit à voir la machine bouger. Mais rien. Le MRC ne réagissait toujours pas. Il se demandait à présent si le robot était encore actif seulement. S'il ne parlait pas à une carcasse.

"Ça s'est passé comment ?" Demanda-t-il presque involontairement. "Pour toi, je veux dire ? Tu te réveilles. La ville est déjà morte. Ton ennemi est reparti. Tu l'as vu replonger peut-être. C'est bien ça ? Activé trop tard. Est-ce qu'il y avait encore des survivants ? Des corps qui n'avaient pas encore été emportés par l'océan ? Qu'est-ce que tu as fait, qu'est-ce que tu as pensé ? Qu'est-ce qu'on fait quand on naît dans ces conditions ?"

Quelques secondes.

"On devient fou. Peut-être."

Il fit un autre pas. Toujours pas de réaction.

"On s'en veut, sans doute. On se sent insignifiant. Et on se raccroche au peu qu'on a. On se met à protéger les ruines, faute d'avoir connu autre chose. On les défend comme on n'a jamais pu les défendre. Et on attend que Goth revienne. C'est ça ?"

Encore un pas.

"Tu n'es pas une machine aveugle. Tu es juste chez toi. C'est tout ce qu'il te reste. Tout ce que tu as jamais eu. Tu ne vois pas des ruines. Tu vois ta maison."

Un pas.

"Tu fais comme si ce n'était pas encore trop tard, mais c'est trop tard. Tout ce que tu peux..."

Il avait franchi alors presque la moitié de la distance, il allait faire un pas encore quand tout changea. Comme un frisson, comme un instinct. La machine attaqua. Le sol éclata sous les pattes de Sten qui voleta en arrière, jusqu'aux chaises renversées par le choc. L'instant d'après, alors que les débris retombaient, tout était redevenu calme. Le robot MRC, le bras tendu, la visière du scaphandre cramoisie, s'était à nouveau immobilisée. Puis, lentement, elle revint à son état initial.

"D'accord ! Entendu ! C'était pas ça !"

Agacement. Satisfaction d'être indemne. Frustration. Satisfaction de n'avoir pas parlé à une coquille vide tout ce temps. Colère.

Et la petite routine reprit. Gesticuler, répéter la même litanie, les dix-sept mille vies entre les mains du MRC. La futilité de sa logique. Sauver Levanes pour sauver ces ruines, s'il se souciait vraiment aussi peu des bêtes. Et pendant dix minutes, de frustration, Sten se contenta de faire les cent pas. L'impression d'argumenter avec lui-même, à chaque fois regarder le robot, chercher la moindre réaction, le moindre indice sans rien trouver. Ce figement robotique qui mettait mal à l'aise, qui, à présent qu'il se sentait dans cette relative sécurité, lui tapait sur les nerfs.

"Alors tu vas rester là, tu vas ignorer le monde et tu crois que le monde ne va pas te rattraper !" S'agaçait Sten. "Tu laisserais les bêtes mourir à tes pieds sans le moindre remords parce que dans tes circuits ça sonne si bien, MRC le héros d'une cité anéantie. Regarde autour de toi ! Tu ne vas jamais reconstruire, tu ne vas jamais rien faire, tu défends des débris. Il n'y a plus rien ! Et lorsqu'il y aura les pluies et que l'eau va monter, cette ville sera un marais à moitié noyé et tu seras à son sommet persuadé que le monde peut finir sans que tu en subisses les conséquences ! Trop content de laisser mourir les autres tant que ce n'est pas toi ! Je ne te demande même pas d'être altruiste, je te demande de ne pas être suicidaire."

Quelques minutes plus tard, il avait changé d'argumentation. Quelques heures plus tard, à la tombée du soir, il abandonnait.

Il se persuadait en rentrant que, s'il avait eu plus de temps, des semaines ou bien des mois, petit à petit il aurait pu faire changer d'avis le robot. Qu'on pouvait le raisonner. Mais c'était trop lent, bien trop lent, et demain ils devraient repartir s'ils voulaient être à temps à Levanes pour la défendre. L'idée du combat qui l'attendait, ainsi que le froid soudain, le firent frissonner.

Près de l'avion, quelques mots échangés avec Amelia, puis il se plongea dans son hamac et, sans même y songer, s'endormait. Toute la fatigue après des heures à s'égosiller pour rien. Il plongeait à nouveau dans ce sommeil sans rêve qui le laissait, chaque matin, aussi épuisé qu'au soir.

Amelia le regarda dormir, alla chercher le fusil pour le poser près du hamac, puis le regarda encore.

Puis alla s'équiper de son brassard et se mit en route.

Dans la nuit, les machines avaient l'avantage, disait-on, parce qu'elles avaient la vision infrarouge ou thermique, ou toutes ces choses-là. Mais les bêtes avaient cet instinct qui leur faisait deviner le danger, qui leur faisait apprécier les distances et les silhouettes. La nuit ne changeait rien.

Depuis leur arrivée, la mercenaire n'avait jamais vu les ruines que de loin, depuis la plage. Les digues enfoncées, toute la partie marécageuse et au-delà les dernières tours délabrées, exposées à moitié nues. Elle n'y avait vu que de la grisaille et de la misère. À présent qu'elle arpentait les rues mêmes, entre les habitations, elle réalisait ce que Sten lui avait dit. L'eau qui perlait faisait scintiller tous les contours. La cité même en ruine avait quelque chose de féérique, comme un jardin déchu. L'eau avait monté, elle pouvait entendre le ressac, elle pouvait voir des flaques parmi les dalles éventrées.

Elle se perdit un peu, vérifia sa carte, frotta l'écran pour en retirer les gouttes d'eau. Puis enfin, elle trouva. Comme avait dit Sten, une rue creusée par un sillon, une balafre d'acier et de ciment. Une des cicatrices du passage de Goth. Au fond d'elle, cela lui donna encore plus envie d'être après-demain, au combat, affronter cette menace qu'elle ne connaissait pas.

Puis elle vit, au bout de la rue, le robot MRC.

Aussitôt, elle sut qu'elle ne faisait pas le poids.

Mais elle approcha, ignora son instinct, avec un rire plutôt, et considéra cette étrange machine couverte d'écailles. Quand ses pattes touchèrent les chaises par terre, elle s'arrêta. C'était la fameuse limite dont Sten lui avait parlé, après laquelle la machine devenait hostile.

"Très bien, la cafetière, écoute."

La visière du scaphandre laissa échapper cette légère lueur cramoisie et se déplaça légèrement, dans un sifflement infime.

"J'ai pas la patience de mon pote alors voilà le topo, je vais te tanner la gueule et ensuite tu vas nous suivre bien gentiment."

La machine déploya ses lames le long des bras, des lames dentées pareilles à des harpons. Amelia se contenta de regarder son brassard et d'en tapoter l'écran.

"J'étais sûre qu'on pourrait s'entendre."

La nuit fut secouée par une première déflagration.

Sten ouvrit les yeux, roula du hamac par terre et se releva, du sable plein la figure aussitôt balayé. Il tourna la tête et vit l'avion d'Amelia s'élever, silhouette gris noir dans la nuit d'étoiles, puis filer en direction des ruines. Dans le même temps il avisa son fusil, dans le même temps il comprit ce qui se passait et dans le même temps encore, alors qu'une seconde déflagration secouait le silence, il se demanda pourquoi personne ne l'écoutait jamais.

Fusil en patte, cartouches dans l'autre, courir et recharger tout à la fois et se presser sur le sable, en direction de la route et des maisons désolées. Là-bas le combat faisait rage, bruyant, sans éclat, et les premiers immeubles s'effondraient. Seul l'appareil d'Amelia resurgissait parfois, après une passe, sifflait dans le ciel avant de replonger. C'était ridicule. C'était absurde. C'était juste cette fichue mercenaire qui s'était mise en tête de le protéger. Une fois de plus. Et il n'essayait même plus de comprendre comment elle pouvait faire pour être aussi idiote.

Dans sa tête, il calculait la distance restante, sa vitesse, le temps qu'il lui faudrait pour la rejoindre. Le temps qu'elle pouvait tenir sans lui. Elle avait dû estimer qu'il serait là à temps pour la secourir. Ça devait faire partie de sa stratégie. Ou alors, inversement, elle avait déterminé que la distance était suffisante pour qu'il n'arrive jamais avant que ce soit fini.

Elle n'avait aucune chance.

Un autre immeuble s'effondra, disparut dans un gigantesque nuage de poussière. Cela le fit ralentir, involontairement. Une pensée soudaine. Amelia était puissante, mais pas dans ce sens-là. Est-ce qu'elle essayait de faire s'effondrer les immeubles sur la machine ? C'aurait été passablement désespéré. Alors même qu'il se répétait de reprendre l'allure, de se presser, il se disait que quelque chose n'allait pas. Encore une fois cet instinct.

Soudain, il eut la conviction que c'était le MRC lui-même qui détruisait les immeubles.

Il déboucha sur l'avenue principale, à temps pour voir Amelia surgir à travers une fenêtre avant que la façade entière ne soit pulvérisée. La mercenaire alla s'écraser dans l'immeuble d'en face et acheva sa chute quelque part dans une rue parallèle. Sten s'était jeté à couvert et, aussitôt, avait braqué son fusil dans la façade à présent béante du bâtiment. Le robot MRC allait probablement en surgir. Le robot n'était nulle part. Le combat reprit sur sa gauche, il repartit aussitôt.

Quand il surgit dans la rue adjacente, Amelia était à terre et le robot s'apprêtait à l'achever. Une scène de routine. Sten épaula, visa, tira. La lame du robot éclata sous le tir.

Le scaphandre se tourna sur lui.

Il tira à nouveau et le robot disparut. La rue, soudainement, était vide. Sans attendre Sten se précipita aux côtés d'Amelia, la saisit au bras et la tira pour la relever. Elle rouvrit les yeux, secoua la tête et se rendit compte du bras qui tenait son bras.

"Eh, Sten, j'ai compris..."

"Compris quoi ?" Gronda la bête en l'empêchant de s'effondrer.

"Comment ça fonctionne..."

Il la tira à nouveau, la cala contre son épaule puis, le fusil dans l'autre patte, se mit à la porter à travers la rue.

Il pouvait la sentir bouillir encore, l'envie de combattre. Lui-même sentait cette excitation face au danger, le besoin de se défendre, le sentiment de pouvoir l'emporter. Comme une ivresse. Mais il songeait qu'Amelia serait en danger, et il songeait qu'il n'avait aucune raison d'attaquer le MRC. À part la frustration et un début de haine.

La mercenaire, elle, était plutôt en train de rire. Un petit rire moqueur comme face à une mauvaise blague.

"Déjà, y a pas un robot. Y en a des milliers."

Sten s'arrêta, la regarda, un sourcil levé, puis reprit son pas. Le silence était retombé sur la cité. Il se demandait ce qu'elle voulait dire : il savait, il l'avait vu, il en avait l'instinct, qu'un seul robot était plus puissant que lui. Des milliers, ça aurait changé la balance d'Alquières. Non. Ce qu'elle voulait dire était que ce robot pouvait se multiplier.

"Mille robots en un ?"

"Avec chacun son autonomie, sans avoir besoin de communiquer. Tu veux savoir comment ils ont réussi ça ?"

Sten s'arrêta de nouveau. Le MCR était là, derrière eux. Et devant eux. Emilia lui tapa sur l'épaule pour qu'il la relâche, puis se mit dos à lui, prête au combat.

"Okay je mords, comment ?"

"Indice : quand tu dois créer une intelligence artificielle et que tu manques de temps, tu fais comment ?"

La réponse lui vint, une fois encore, instinctivement. Presque comme une évidence. On copiait une intelligence bestiale. On mettait l'esprit d'une bête dans la machine. Et soudain il eut une idée assez précise du nombre de robots inclus dans le MRC. Probablement un peu moins de sept mille. Parce que quelqu'un avait décidé qu'un seul esprit ne suffirait pas. Pas quand il y avait toute une cité à disposition.

Et les cités, comme Levanes, n'avaient jamais été disposées à aller aider leur voisine dans le besoin.

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Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20328 il y a 8 ans 4 mois
Hi'.

Je dois rapidement expliquer ce texte.
Au départ j'avais juste prévu de tenter une "gamme". J'ai ouvert l'éditeur de texte des Chroniques dans l'optique d'écrire en effaçant tout à la fin. J'ai dû commencer vers vingt heures, donc le texte a été écrit en trois heures. Le plus grand avantage était que je n'avais aucune idée de la taille du texte, donc le facteur "taille" n'a pas joué dans la motivation.

Le texte lui-même était en élaboration depuis une petite semaine.
L'idée de départ était un croiseur en orbite autour d'une planète morte. Le croiseur serait un artefact du passé et des gens viendraient le récupérer pour telle ou telle raison. C'était une idée sans réelle portée que j'ai voulu transposer dans les Anges, et ça a donné un robot dans les ruines d'une cité.
À partir de là, c'est du patchwork et de l'élaboration vite brossée. Sten est un héros "récurrent", Amelia a été créée sur le vif, comme le MRC. Bref, normalement en l'état le texte n'aurait pas dû passer la rampe.

Mais je voulais aussi tester deux choses.

La première était la description. Le texte offre des tas de choses à décrire. La cité en ruines, le robot, les deux "héros" et leur "avion". Je voulais m'intéresser aux descriptions que j'allais exploiter, à la quantité que j'en ferais, dans quel but, avec quelles techniques... bref, une sorte de cas d'école pour la manière dont j'exploite la description dans les textes, en vue d'en parler.

La seconde était l'ellipse.
Le principal problème que j'ai, avec les Anges, n'est même pas vraiment l'exposition (dire qui est quoi, comment fonctionne le monde et tout ça). Non, ce qui me bloquait ces derniers temps était que le monde tout entier était conçu pour faire se produire des batailles. Mais les batailles sont ridicules, complètement surréalistes et souvent "durent pour rien".
Dans une saga, éventuellement, les décrire est envisageable, mais uniquement une fois l'exposition bien en place. Une fois que le lecteur est capable de "lire" le combat. D'en comprendre les enjeux, le fonctionnement. Avant cela, c'est juste un empilement de verbiages et d'actions sans conséquences.
Du coup je me suis dit : pourquoi ne pas ellipser ? À chaque fois qu'il y a un combat, passer directement aux conséquences. On voit les stigmates du combat, on peut en deviner ce qui s'y est plus ou moins passé mais tout ce qui est l'action elle-même est balayé. Comme en plus ce texte impliquait énormément de négociations qui souffrent du même problème, je me suis dit que c'était l'exercice idéal.

C'est ce dernier point qui m'intéresse. L'histoire n'est qu'une excuse et les personnages brossés, avec des personnalités, une fois encore, très superficielles. Ce qui m'intéresse, c'est le mécanisme de l'ellipse.
Et, en second lieu, l'exposition, ou la narration en général, puisqu'ici, et surtout pur cet exercice, je n'ai pas forcément cherché à "faire parler Homs". Même si je me suis amusé à mélanger ses propres calculs avec les pensées des personnages.
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20352 il y a 8 ans 3 mois
Marrant, il semblerait que tu écris La Balance dans le même esprit que moi "Le Loup-Garou". Même trame précise mais exécuté librement sans se soucier de la longueur. Et également, une volonté à jouer dans le registre elliptique. Pour ce qui est du reste, le résultat et les thèmes semblent très éloignés. Et c'est tant mieux. Le plaisir de lire n'est que plus grand.

Une question que je me pose maintenant, en lisant le monde des Anges, c'est est-ce que ce texte fonctionnerait si on ne connaissait rien du contexte général? Je me la pose parce qu j'ai l'impression que oui. Certes, nous avons très vite des balises qui nous montrent que nous sommes en terrain connu. Certes, on retrouve tes thématiques: la volonté, l'exploration des émotions et de l'affectifs, la notion des échelles de destruction etc. Mais je trouve qu'il y a un plaisir presque autonome à lire ce texte comme une vraie nouvelle. D'ailleurs, j'aimerais comprendre un jour la vue d'ensemble des Anges. On ne découvre que des petits bouts, des séquences autonomes, mais jamais de trame continue... Rassure-moi, tu n’écris pas que des "one shot"?
Pour ce qui est su style, j'ai noté qu'il y avait abondance de formule passive et d'emploi du verbe être et d'imparfait (même quand le passé simple aurait à mon sens gagné en pertinence). Je dirais que si on sent la rapidité de l'écriture, c'est plus ici. Parce que le reste se déroule d'une manière très maîtrisée, y compris dans le style plus général, la richesse sémantique etc.

D'abord, je note que tes personnage font plus "vivants". Les dialogues sont dans un style très courant, on ressent de l'affectif en eux. Quand deux personnages se croisent, on sent aussi que ce ne sont pas deux inconnus qui se parlent, ils ont un passé. Ces éléments contribuent à ce qu'on s'attache davantage à la trame, là où par le passé, tu tes textes avaient parfois quelque chose de cliniquement cérébral (même quand il était construit pour produire une émotion à la fin et que tu y parvenais d'une manière très subtilement déchirante (ne me demande pas pourquoi, mais je pense là tout de suite à l'une des premières apparitions du renard qui devait rentrer dans une tour pour chercher un abris).

Le second point qui contribue à l'immersion plus forte est justement l’ellipse. Le fait que tu n’expliques pas le pourquoi de la présence du MRC de manière trop lourde ni à quoi il sert fait partie du mystère captivant du texte. En gros, on sait que c'est plus fort que l'un des protagoniste, mais moins que les deux réunis. Et on suppose que Goth doit être aussi fort que les 3 réunis. Donc ton souci de hiérarchiser l’horreur dans la tête du lecteur fonctionne de plus en plus nettement pour moi; Je sais que Sten et Amélia sont déjà en soi très puissant, je sais de quoi ils sont capable. Mais là, en quantifiant leur force de la sorte, tu leur redonnes aussi une vulnérabilité, donc le lecteur les voit autrement, donc a de l’empathie pour eux..
L'ellipse est aussi dans la relation Sten/Amélia. On ne sait pas ce qui les unit ni exactement ce qu'ils ont vécu ensemble, mais tel que c'est donné, ça fonctionne. Pour ma part, la présence d'Amélia en bikini est même assez surprenant dans un de tes textes. Certes, tu n'insistes pas sur l'éventuelle sensualité du corps, mais cela crée une petite tension érotique entre eux. Et cela caractérise aussi fortement ton personnage féminin. Au départ, je m'ai trouvé un peu bêtement caricatural, mais en fait, quand on la voit agir, cela lui donne une vraie indépendance d'esprit et un profil de meneuse.
Mais je suppose que les principales ellipses qui t'intéressent sont celles qui concernent les interminables palabres et sur l'action lancée par Amélia avec le combat qui en a découlé. Autant te dire tout de suite que cela fonctionne très bien pour moi. De toute façon, je suis un adepte de l'ellipse. J'aime faire confiance au lecteur. Et je trouve aussi que cela permet aussi de jouer avec lui. J'aime l'idée qu'on puisse lui faire sentir quelque chose de plus fort que i on lui avait tout donné. En gros, pour moi, une ellipse qui fonctionne c'est un peu une équation: on lui dit 1+1, et le lecteur doit trouver le total. Et on espère qu'il découvrira certes que ça fait 2 mais aussi que ça ne puisse pas faire que 2 mais 3. En l’occurrence, c'est le cas ici.
Et puis tu as même écrit une séquence que j'appelle "gratuite" pour ma part qui sont celle où l'intrigue est totalement absente mais où lesprsonnages ont du coup la place pour vivre avec la scène du sandwich. Cette scène fonctionne très bien dans le rythme de l'ensemble en créant une sorte de pause, de bouffer d'oxygène. On est à la plage, il fait beau, alors qu'on ne cessait de nous parler de ruines et de machines et de destruction. Bref, c'est une petite percée de paradis qui du coup ouvre le texte. Pour moi, c'est bien vu, cela casse l'aspect répétitif du projet du texte et cela ajoute un peu de vie dans les personnages. Des choses qui étaient souvent absentes de ton texte.

Au niveau du thème, on a toujours celui de la volonté et de la logique illogique. En l’occurrence, on a 2 personnes qui se parlent (enfin, un est censé juste écouter) mais chacun avec leur logique; Et on est face à un problème de communication qui, pour ma part, m'a intéressé parce qu'au delà du moteur d'intrigue, il touche également la vie de tous les jours. Il arrive qu'on nous parle de la sorte. Certains attendent un raisonnement "objectif" pour agir alors que d'autres ont besoin d'affectif pour obtenir une adhésion. Ici, Sten veut être logique mais il ne cesse de ne pas l'être. Plus il veut l'être et chercher des arguments et moins on sait qu'il ne va pas faire mouche car il n'emploie pas le bon registre. Il emploie des arguments qu'il aurait fallu utiliser si on avait dû le convaincre lui, en l’occurrence il n cesse d'être sur le registre de l'affectif.
Pour ce qui est de la fin, le "mille en un", j'ai l'impression que quelque chose qui m'échappe. Comme si cela devait me parler plus que ça ne devrait. C'est toute la population qui est dans le MRC? Et du coup, comme cette population ne veut pas aider les villes voisines, l'esprit du robot ne peut donc pas le faire?.

Bon, voilà, j'ai vraiment trouvé la lecture du texte séduisante. Il y avait en outre une vraie intrigue, on sent un vrai monde très élaboré, il y avait de vrais personnages (même si tu dis les avoir bâclés, l'essentiel est ailleurs, on les sent "vivre") et il y a dans chacune de ces pages un vrai suspense qui donne envie de savoir ce qui va se passer. Accessoirement, on s'inétresse aussi à l'issu des combats, justement parce qu'on a conscience de la force et des limites de chacun. On a devant nous des forces quantifiées et presque objective. Donc je me dis en lisant ça que tu es certainement sur le point de réussir ton grand pari sur le monde des Anges. Et tu as aussi réussi à fairerentrer ton texte dans le thème du RdM. Chapeau! ;)
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20353 il y a 8 ans 3 mois
Pas vraiment pour le thème. Il y a bien une nuit mais elle ne joue aucun rôle et, à la limite, tu oublierais qu'il fait nuit. Au moment du plan j'imaginais même Sten faire une sieste à midi et Amélia (or whatever is her name) partir à ce moment-là. C'est dire à quel point la nuit pèse peu.

À mon sens, pour que le lecteur puisse apprécier un combat, il doit en connaître les règles. Ici j'ai posé des règles simples (qui qu'il est le plus fort) et réglé le reste par ellipse.
Cela dit, ça ne résout pas les difficultés que j'ai pour lancer une saga. À ce stade j'ai tenté de lancer 3 sagas : une à partir de Reine, lieutenante des Anges ; une à partir de Vengele à Alquières, du temps de Decimer ; et une avec la cité de Sept-disques et l'ex-ange dont j'ai oublié le nom.
Tous ces textes meurent dès les premières pages et je n'arrive pas à trouver comment les aborder. D'où la multiplication des one-shots. Je ne me sens actuellement toujours pas en confiance pour seulement tenter de reprendre une de ces trois sagas, let alone en élaborer une quatrième.

En gros, tu me vois en train de tâtonner, et je ne sais même pas dans quelle direction.
En fait, à chaque fois qu'on arrive à la fin du mois et que j'ai envie d'écrire pour le RdM, je me rabats plutôt sur l'Atasse (et le Liscord), médiéval ou moderne. La mentalité des Anges est juste parfois détestable. Devoir écrire sur des créatures dont le seul but dans la vie est, fondamentalement, d'être plus fort que son prochain...
Peut-être que je devrais changer la "personnalité" d'Homs pour le rendre beaucoup, beaucoup plus critique...
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20354 il y a 8 ans 3 mois
Pour ce texte, il s'agissait du thème du RdM des Cités, je suppose que Le Contrat aura plus de chance d'être sur celui de la nuit.
Portrait de San
San a répondu au sujet : #20456 il y a 8 ans 1 mois
Le monde des Anges me plait de plus en plus. Ou plutôt j'aime bien ce que tu en fais. Je ne sais pas si un roman me plairait, mais une série de one-shots, ça me plait.

Un petit truc qui m'a bloquée.

Parce que si la machine refusait, Sten ne savait pas s'il oserait affronter Goth. Il n'aimait pas l'idée de mourir en vain, pas plus qu'il n'aimait celle d'abandonner toutes ces familles, tous ces regards, tous ces sourires et ces yeux suppliants à l'appétit d'un monstre. Il ne serait plus sûr de pouvoir dormir également.

J'ai eu du mal à comprendre cette mention de ne plus pouvoir dormir. Si la machine refuse, Sten va mourir au combat, quelle importance qu'il puisse dormir ou pas? Ca me paraissait faible, et en trop. Finalement à la relecture, je me dis que Sten met juste entre parenthèses le combat contre Goth, pour dire que même s'il ne meurt pas, il ne pourra peut-être plus dormir. Enfin c'est un peu compliqué comme interprétation, et ça m'a arrêtée un moment.

Il y a bien une nuit mais elle ne joue aucun rôle et, à la limite, tu oublierais qu'il fait nuit.

Ah tiens, il faisait nuit ^^ J'avais complètement oublié.

J'ai bien aimé les décors aussi. Cette ambiance plage de sable fin avec la lieutenante qui se fait bronzer, c'est juste décalé comme j'aime. La première description de la cité ne m'a pas trop convaincue. Je crois que c'est son emplacement dans le texte qui la dessert, parce que les suivantes ont bien fonctionné, mais le premier aperçu ne s'est pas imprimé chez moi. Il arrive un peu trop vite je dirais, en tout cas pour moi.

Sinon il y a deux ou trois typos / petites fautes parsemées, si tu as écrit ça vite et pas trop relu, ça explique.

Voilà, en résumé une lecture agréable.
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20462 il y a 8 ans 1 mois
Sten se demande s'il va combattre Goth. Que se passe-t-il s'il ne le combat pas ? Il abandonnerait ces familles, et il n'en dormirait plus.
Mais j'aimerais m'arrêter sur cette phrase.
D'abord parce qu'elle réduit la morale à un mal de ventre. On a tout le pathos avant, sur les yeux suppliants et tout ça. Tout est réduit au corps qui va mal, une réaction égoïste.
Ensuite, parce que c'est la seule phrase sincère. Sten est un monstre. Il n'a pas l'air puissant comme ça mais il est largement au-dessus de la moyenne. Et il n'arrive pas à avoir de l'empathie pour les autres bêtes, qui manquent déjà d'empathie en général. Les bêtes sont dépourvues de volonté. Sten est gentil pour être gentil, il fait des trucs de gentil parce que c'est ce que les gentils font, un peu comme tu jouerais le rôle d'une douanière parce que tu supposes que c'est comme ça que les douaniers font. Il n'est pas sûr de ce qu'il devrait faire s'il abandonne les gens. Les gentils n'en dorment plus la nuit, c'est une expression, il la prend à la lettre.
Enfin, parce que c'est le seul indice d'empathie. Tout le blabla sur les yeux suppliants avant, ça ne pèse rien. Il est en train de faire du discours héroïque question de discourir. Mais soudain il se pose une question sincère et c'est l'unique indice qu'il pourrait avoir une conscience. C'est l'inversion. Le moment où il a le moins d'empathie est celui où il en a le plus.

Il est presque là en mode "attends, mais pourquoi ça m'affecte si peu..." mais c'est une bête, il ne peut pas réfléchir jusque-là.

Je ne me rappelle plus de la première description de la ville, et pour être honnête la description de la ville en général ne me reste pas. La majorité de ce texte a été fait à la va-vite et je n'en retiens pas grand-chose. Dans un sens, c'est assez normal que les gens aient surtout retenu la mercenaire (chut) en train de bronzer.
Et si tu demandes pourquoi elle bronze : parce que c'est ce que les mercenaires font. Ouais les bêtes réfléchissent vraiment pas plus loin.
Portrait de San
San a répondu au sujet : #20463 il y a 8 ans 1 mois
Je ne me demandais pas ^^