Imprimer
Catégorie parente: Fantasy
Catégorie : One Shots
Affichages : 1400
Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

 

 

 

La lumière dansait en rais mouvants, depuis les frondaisons des arbres jusqu’au tapis de feuilles mortes qui habillait le sol. Les grands chênes, les bouleaux longilignes, tous massés en rangs serrés, formaient une voûte circulaire qui bruissait imperceptiblement au gré du souffle chaud du vent venu de l’Ouest ; rejetant derrière un voile opaque les alentours, dans l’ombre au-delà de la clairière qui attendait son heure en silence.

 

 

Une jeune femme se tient au centre de la clairière, lovée contre la forme sombre de son arachsinge, peut-être endormie. Non : la voilà qui s’ébroue délicatement maintenant, comme pour dénouer ses muscles endoloris par les rigueurs du voyage. Car la rumeur d’une sourde cavalcade monte déjà à ses oreilles, et Eilin Jezabel, dont les yeux – deux grands yeux noisettes, prompts à la compassion plus qu’à la colère – bondissent d’un bosquet à l’autre, tient à lui faire bon accueil.

 Le soir tombe, et la chaleur de la fin d’après midi s’évapore aussi sûrement que le soleil, dont les derniers rayons orangés peinent à troubler la torpeur du ciel d’orage. La mutante regrette d’avoir abandonné son épais manteau à capuchon, empaqueté avec le reste de ses affaires au profit d’une tenue plus légère : longues cuissardes de cuir noir, tunique à manches courtes, voilà pour l’essentiel de sa mise simple de voyageuse. Il n’est plus temps de penser à tout ça maintenant. Silence.

 Quelque chose approche.

 Ce sont tout d’abord quelques brindilles, soulevées par le trémolo croissant de la poursuite ; mais bientôt tout le buisson s’anime devant la jeune femme, s’équipe en bras, jambes… Jambes ? Eilin arrête son geste alors que la lame de son couteau n’est plus qu’à un cheveu blond paille de la tignasse emmêlée d’Amphitryon Jones, dont la tête émerge péniblement d’un épais nuage de poussière. L’aventurier – solidement empêtré dans les ronces noueuses, ses vêtements crottés et déchirés, hésite, esquisse finalement un sourire.

  « - Alors, tu as pu l’avoir ? Non ? » nouvelle dénégation. « Je suis sûr qu’il était là, juste devant moi, pourtant ; un lièvre de belle taille, de quoi nous faire un bon repas : il s’est jeté dans ce taillis et… 

 - Ce n’est pas grave. » Jezabel rengaine son arme, presque à regret, et entreprend d’extirper Amphitryon, l’homme qu’elle aime, de l’invraisemblable imbroglio dans lequel il est pris au piège, épines et lianes élastiques. « Nous trouverons à manger d’ici ce soir. »

 

 

La nuit a pris ses quartiers maintenant, une nuit noire où seule une maigre flambée repousse les ténèbres. Un campement sommaire est dressé au milieu de la clairière : une petite tente est montée à même l’herbe rase, tout près du feu où Jezabel entonne quelques notes de son fifre d’ivoire. La mélodie s’élève timidement, renonce à s’aventurer au-delà du cercle rassurant des arbres, dont le feuillage fourni dissimule les étoiles. La mutante est emmitouflée dans son long manteau de voyage à présent, et ses cheveux noirs, une longue tresse qui court jusque ses reins, sont dissimulés par sa capuche.

 Un peu plus loin, Amphitryon, cape de velours, pantalons de cotons noirs liserés d’or, hautes bottes de cuir  (pas question de passer la nuit entière en haillons, maculés de boue et déchirés) s’occupe de l’arachsinge, dont c’est l’heure de sa ration du soir : une maigre pitance, un peu de fourrage mis de côté lors d’une étape plus clémente du long périple qui les a menés jusqu’ici. La bête toise Jones de toute sa hauteur ; deux mètres au garrot, et depuis son corps élancé partent six membres puissants, terminées par ce qu’il faudrait presque se résoudre à appeler des mains, de grandes mains velues, et terriblement puissantes.

 Quelques noyaux de pêches abandonnés en tas, à proximité du feu, rappellent que pour deux aventuriers aussi, la ration du jour a été chiche.

 La forêt est silencieuse, ce soir comme les précédents, et ce silence habite les bois comme une conscience ancienne qui semble veiller sur les voyageurs. Le gibier est rare ici, dans cette contrée verdoyante qui, il y a longtemps, est tombée sous le coup d’une puissante malédiction : le pays Fantôme, car c’est ainsi que l’on nomme le Hellden, dont les derniers habitants ont depuis longtemps déserté les prairies pour trouver refuge dans leurs antiques cités blanches.

 La main d’Amphitryon se porte machinalement vers son ceinturon, vers la crosse ivoire de son revolver, mais il est trop tard lorsque l’aventurier comprend que le mal a déjà gagné le campement. L’enfer saugrenu qui s’abat alors se déverse depuis le rideau soudain déchiré, béant du feuillage des arbres que le vent anime de tremblements glacés ; mais déjà l’ombre imposante disperse le foyer en flammes mourantes, depuis lesquelles s’élèvent des serpents de brume qui peuplent l’obscurité de fantômes opalescents. Agenouillée dans l’herbe humide, les yeux rougis par la fumée, Jezabel la distingue, cette forme qui domine la clairière, se rue désespérément, hennit de terreur ; à la lumière des dernières braises se dessine un museau squelettique, la silhouette famélique d’un petit cheval de course – le genre de monture qu’utilisent les éleveurs de l’Onddenmark, dans l’ouest lointain, a le temps de se dire encore la jeune femme –  et dont la selle paraît ridiculement grande, jusqu’à ses étriers où pend encore…

 Mais la bête a déjà bondi hors de vue, happée de nouveau par la nuit noire de la forêt silencieuse – à jamais, cette fois. Le regard de Eilin reste braqué sur l’obscurité du bois, d’où ne monte plus un bruit. Elle tressaillit à peine lorsque Amphitryon presse sa main contre son épaule, l’aide à se relever, lui tend, déjà, son paquetage.

  « - On se remet en route. » Souffle Jones d’un ton sans contestation. L’aventurier tient la bride de l’arachsinge d’une poigne ferme, mais son attention reste figée dans l’ombre qui s’étend au loin. « Tout de suite.

 - Il ne vaudrait pas mieux attendre le matin ? » Jezabel, à vrai dire, n’a pas le cœur à rester non plus. Une lassitude immense la gagne lorsqu’elle avise le campement dévasté. « Il y a trop de risques de se perdre à voyager par une telle nuit.

 - Je connais une ferme, dans les collines non loin d’ici. En partant tout de suite, nous pouvons y arriver demain avant la fin du jour. Nous y serons bien accueillis. 

 - Cette chose… Qu’est-ce que c’était ?

 - Il y a une chose de sûre. Quoi que ce soit qui puisse se cacher dans ces bois, je ne tiens pas à l’attendre ici. Plus vite nous aurons mis de la distance entre cet endroit et nous, meilleures seront nos chances. »

 

 

La nuit se disperse finalement en langues de brumes qui chuchotent leurs secrets à la forêt endormie. Les voyageurs font route vers l’est, serpentent péniblement entre les arbres serrés, que la rosée leste de son épaisse floraison cotonneuse. Ils suivent pour un moment le rivage ombragé d’un ruisseau, dont le glouglou apaisant leur redonne courage. 

 Le chemin qu’ils suivent les jette bientôt contre la courbe d’une combe profonde, dont ils empruntent le contour évasé. Les deux aventuriers progressent sur des sentes grossières, tapissées de feuilles mortes que le soleil matinal éclaire de-ci de-là. La démarche chaloupée de l’arachsinge berce Jezabel, dont les deux bras sont fermement cramponnés autour de la taille d’Amphitryon ; la jeune femme sent son étreinte se relâcher tandis que le sommeil la rattrape insensiblement. Elle ne sait dire combien de temps s’est passé lorsque soudainement, Jones tire sur les rênes de sa monture ; s’arrête ; pointe son regard en arrière, vers Eilin elle-même et le bois au-delà, enfin.

  «  - Sont-ils toujours après nous ? » La mutante est complètement réveillée, à présent.

              Mais déjà l’aventurier a fait volte-face, et lance sa monture en avant.

             Midi trouve les deux voyageurs sur la crête d’un plateau, où ils prennent un repas frugal à même l’herbe rase. Ils suivent désormais un raidillon qui grimpe à travers les collines naissantes, et dépassent bientôt les frondaisons des arbres – la vue est claire à présent, s’étend sur une plaine mouvante de cimes ballottées par le vent jusqu’aux premières ombres des montagnes à l’Ouest. Un soleil somnolent salue notre paire de héros à travers les nuages vagabonds.

 

 Comme entendu, l’après midi touche à sa fin lorsque la forme solitaire d’une ferme se dessine sur les hauteurs au loin. C’est un large bâtiment, dont les tuiles sont rehaussées d’un éclat sanglant par les lueurs du couchant. Le pré alentour a été aménagé en un champ bien ordonné – pas de clôture, remarque toutefois Jezabel : les semailles s’alignent en travées régulières jusqu’à un petit cabanon, posté à l’orée des bois. « - Ohé ! » Hèle Amphitryon à plusieurs reprises, doucement d’abord puis de plus en plus fort, mais personne ne répond.

 Les deux voyageurs mettent pied à terre ; Jones noue la sangle de l’arachsinge indifférent à une branche du pommier qui se dresse au-devant de la ferme, et dont les fleurs soupirent leur parfum capiteux dans l’air du soir. Un peu plus loin, quelques poules s’égaillent au beau milieu du potager, bruyamment.

             Chacun de leur côté, les aventuriers partent en quête d’un quelconque signe de vie, d’un indice, à tout le moins. Quelques minutes se sont passées, silencieuses, lorsque Jezabel réapparaît à la faveur d’un angle de la bâtisse : bras ballants, indistincte - vaincue.

  «  - Je crois… Je crois que je les ai trouvés. » La voix de la jeune femme est fuyante, presque inaudible, si bien que Amphitryon hésite avant de comprendre enfin, ou peut-être de renoncer à comprendre tout à fait.

 «  - Tu crois ? »

  Mais Jones, déjà, emboîte le pas de la mutante, dépasse les solides portes de bois, contourne la façade de la ferme, ne remarque rien, perdu dans ses pensées ; mais un détail, bientôt, le force à quitter le territoire douillet où opère son esprit.

 Sur le mur de pierre forte baigné par la clarté rouge du crépuscule naissant, il y a quatre ombres.

 Aux côtés des silhouettes des deux voyageurs se tiennent les deux formes figées, facilement identifiables, des fermiers, oh, voilà des années qu’il ne les avait pas vus, mais une certitude glaciale frappe le cœur d’Amphitryon : ce sont bien eux, réduits à l’état de traces charbonneuses depuis lesquelles monte, il le remarque à présent, une odeur vague de graisse brûlée. Le lierre semble s’être comme vaporisé aux abords de ce pochoir cauchemardesque, laissant à nu la roche vitrifiée par la chaleur.

 Il n’y a plus grand chose à dire où à faire, alors ils se remettent en route. En bas, en direction de la forêt toute proche.

 

 

La marche s’étend encore sur une nuit et un autre jour, pendant lesquels le temps passe peu à peu à l’orage. Un ciel noir chargé de reproches surplombe les voyageurs, bannit hors de vue le soleil pâle, confond le midi et le crépuscule. La forêt avance ses bras enrubannés de brume autour d’Amphitryon et Jezabel, imperceptiblement ; les enveloppe dans un cocon silencieux où règne le parfum moite du danger. A un moment, Jones dit :

  «  - C’était une belle contrée, prospère, autrefois. » Les mots s’égrènent dans un souffle, comme s’il lui en coûtait de remuer l’atmosphère muette, poussiéreuse à travers laquelle ils voyagent comme dans un songe. « Il y a longtemps, avant même les chants des ménestrels et l’âge des Rois-Chevaliers. Shalah-Ehl, voilà comment étaient appelées ces terres dans l’ancienne langue : un royaume puissant, un royaume de l’Eté où resplendissaient les fruits de la sagesse des hommes. »

              Jezabel opine silencieusement, mais ne l’écoute pas. Tourbes marécageuses et rues grouillantes, voilà la jungle dans laquelle elle a grandi, et elle se sent comme une intruse dans cette forêt qui empeste la mort. Aussi, Amphitryon continue :

  «  - Lorsque les hordes barbares envahirent la région, toutes les défenses tombèrent l’une après l’autre, jusqu’aux remparts puissants des montagnes, qui s’étaient toujours révélés des alliés fidèles. » L’aventurier s’arrête, pensif, puis reprend : « Les habitants de la forêt usèrent alors de leur arme la plus puissante : un souffle de mort, qui balaya les terres, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de vie de ce côté-ci de l’Odro Bis. »

 Jones hume l’air du soir, profondément. Un autre crépuscule tombe, aussi vain que les précédents. « Depuis trois âges, ils patientent dans leurs cités blanches, que la malédiction soit levée et leurs terres rendues. La mort les prend, parfois. Seuls errent les gardiens qu’ils ont laissé derrière eux ; des sentinelles qui sont le plus souvent figées dans un repos trop long pour être compté selon les standards des hommes. »

  « Le temps a passé, disent certains ; le vent a dissipé les poisons, et la vie reprend ses droits ici. » Dit encore Amphitryon. « La forêt est à nouveau un refuge pour les vagabonds et les bêtes. Peut-être n’est-il pas trop tard. »

  La nuit s’étire pathétiquement, sans apporter aucun réconfort aux aventuriers, puis s’effiloche comme un cauchemar déjà oublié dans les premiers brouillards de l’aube. Une autre journée de marche monotone se déroule devant les voyageurs, dont la route les mène à l’Est, vers la frontière orientale du monde. A leur droite s’élèvent les montagnes impassibles, en falaises grises et régulières, comme des vagues anciennes figées dans une posture de défi. L’écume grisâtre, noire dont elles sont coiffées est constituée de sapins malingres, assez volontaires pour survivre si haut perchés.

 Quelque chose est changé dans l’air – comme la senteur iodée de l’océan, encore lointain mais plus proche à chaque lieue parcourue.

 Amphitryon guette. Son attention se presse pour démêler les empreintes fugitives qui semblent s’imprimer juste à la limite de son champ de perception. Parfois, c’est un bruissement, trop faible pour monter tout à fait jusqu’à ses oreilles, d’autres fois encore un mouvement trop bref pour être vraiment discernable.

 

 

Et lorsqu’ils finissent par trouver ce qu’ils étaient partis chercher dans cette forêt ancienne, rien ne se passe comme ils s’y seraient attendus.

  La clairière sur laquelle ils débouchent court jusqu’à un gouffre profond – mieux, un sombre précipice, dont on ne distingue pas ce qui se dresse au-delà. L’herbe rampante danse timidement sous l’effet du vent, mais ce n’est pas ce qui retient l’attention des aventuriers.

 Il y en a une centaine, peut-être plus, semblables à des statues de sels, mais qui ne sont, en fin de compte ni statues, ni de sel. Au total, cent-trente-six corps, puisqu’il faut les appeler ainsi, sont dispersés à travers le pré comme les acteurs d’un bal costumé gagné de guerre lasse par la grisaille. Ils sont figés là, tous ; réduits à l’état de cendres, mais encore reconnaissables dans leurs postures figées de terreur et leurs expression figées d’horreur muette. La plupart ont été marqués par les intempéries, et se dressent comme les ébauches  de sculptures jamais achevées, bras manquants, cicatrices laissées au hasard par la pluie et dont les traits effacés n’en expriment pas moins un effroi inhumain. Beaucoup d’autres se sont dispersés, jusqu’à ne laisser derrière eux qu’un petit tas de cendres tourbillonnantes.

 Amphitryon dégaine le premier : « Bang », son pistolet clinquant claque comme une obscénité. Il tire en direction d’une statuette précieuse, mais ce qu’il vise se trouve au-delà. Il n’y a rien d’humain dans la forme qui s’élève bientôt dans un nuage de poussière, ou plutôt si, deux bras, deux jambes, un torse disproportionné à l’absurde, tous chromés, métalliques, menaçants. Deux veilleuses rouges qui n’expriment rien s’allument dans la tête ridiculement petite.

 La créature s’élance en direction de Jones, sans se presser, presque instantanément, mais l’aventurier se contente d’armer le chien de son revolver, incapable de se détourner du danger, comme par la force de l’habitude.

 Jezabel s’interpose. La jeune femme n’en est plus exactement une, pourtant elle n’a jamais autant eu la sensation d’être elle-même qu’à l’instant incertain où sa peau se change en diamant luisant. Elle intercepte la chose où moment où les yeux de celle-ci s’embrasent en lueurs diaphanes qui consument ses vêtements, se dispersent en nuages irisés comme au travers d’un cristal. Le choc s’accompagne d’un bruissement strident de tôle froissée, envoie les deux adversaires bouler à bonne distance de là, tout près en fait du bord de la falaise. Une mêlée confuse s’engage alors, si vive qu’elle laisse Jones, hébété, incapable d’ajuster la silhouette massive de la créature avec son pistolet. L’aventurier, vainement, assiste à la lutte surhumaine qui repousse bientôt les protagonistes… Jusqu’au delà du gouffre ? Oui, hors de vue, voilà qu’ils ont basculé, avec une absence de bruit qui tranche avec le vacarme extravagant des coups échangés.

 

 

Lorsque Eilin revient à elle, ce n’est ni le ciel ni la terre. Elle rouvre péniblement les yeux, cille une fois où deux pour chasser l’étourdissement qui étreint encore son esprit. Ils sont là, si nombreux à l’attendre : il y en a une centaine, peut-être plus, semblables à des statues de sel mais qui ne sont, en fin de compte, ni statues, ni de sel. Elle reconnaît les torses surdimensionnés et les membres chromés, surprend jusqu’au souvenir d’yeux rubis depuis longtemps éteints. Les voilà, après tout, les gardiens, plongés dans leur sommeil immémorial, figés dans leurs postures raides de défi.

 La jeune femme se relève, s’ébroue délicatement comme pour dénouer ses muscles endoloris. La route sur laquelle elle se trouve est blanche, uniformément blanche, et s’élance en courbes régulières quelque part au-dessus du vide, jusqu’à disparaître tout à fait derrière le voile de la végétation revêche, sauvage qui s’écoule de la falaise à la façon d’une cascade. Jezabel se dirige hésitante vers le parapet qui se dresse un peu plus loin, du même blanc immaculé et à moitié effondré sous la violence du choc. La chose – le robot, qu’elle tenait, quelques instants plus tôt encore, pour son ennemi, est passé par-dessus bord, et s’agrippe à la rambarde avec la poigne inébranlable de son bras valide ; pas pour longtemps, comme elle y veille.

 Ce n’est qu’à cet instant là que la mutante consent à lever la tête en direction de la silhouette minuscule d’Amphitryon, qui la surplombe depuis le sommet de la falaise. Elle devine plus qu’autre chose l’inquiétude sur les traits de l’aventurier, lui adresse un sourire réconfortant.

 «  - Tout va bien, lui dit-elle, et elle le pense vraiment.

 

 

Fin

 

Connectez-vous pour commenter

Portrait de Iggy Grunnson
Iggy Grunnson a répondu au sujet : #20954 il y a 7 ans 2 mois
"Amphitryon Jones et Jezabel la femme-diamant sont deux aventuriers dont le périple les mène aux quatre coins du monde connu... Lorsqu'ils se risquent à arpenter les sombres forêts du pays fantôme, qui peut dire ce qui les attend au plus profond de l'obscurité ?"

Voilà, comme discuté, c'est un petit texte que j'ai écrit il y a quelques années avec l'objectif de m'en servir comme une introduction aux aventures d'Amphitryon Jones.

J'ai l'habitude de le décrire comme "un croisement entre la fantasy délicate de John Crowley (Le Parlement des fées, que je lisais à l'époque de la rédaction de cette histoire, a été un sacré choc) et Predator (le film avec schwarzenneger, oui, oui!). C'est sans doute un peu pompeux comme présentation, en tout cas je vous laisse voir si la mayonnaise prend à votre goût.


Iggy
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20956 il y a 7 ans 2 mois
Ton texte est assez... problématique. Je te préviens, je ne vais pas être très positif.
La première chose qui fache un peu, c'est ton français. Notamment deux points.
Le premier, c'est ton emploi très... disons "personnel" du point virgule. Tu en abuses et malheureusement, je ne crois pas qu'il y en ait un seul qui respecte son principe. Je t'invite au plus vite à relire les règles de base. En gros, tu sépares deux vraies phrases (donc avec un sujet et un verbe a minima) et non un bout de groupes de mots. Et tes deux phrases doivent être à peu près équilibrée et pas une phrase d'un km sur une description par exemple d'un pique-nique suivie de "; il y avait plein de beurre". Tu peux te passer de mettre un verbe mais uniquement si tu es à l'intérieur d'une énumération annoncée par deux points ":", si possible en respectant une structure commune.
Bref, en l’occurrence, je t'invite au plus vite à remplacer tous tes point-virgules par des points ou des virgules pour retrouver une syntaxe correcte.

Le second, c'est ton procédé pour chercher à ^tre plus direct avec tes personnages, plus "immersif".
Exemple 1: lovée contre la forme sombre de son arachsinge, peut-être endormie. Non : la voilà qui s’ébroue délicatement maintenant,
Exemple 2: Amphitryon dégaine le premier : « Bang », son pistolet clinquant claque comme une obscénité
Exemple 3: L’aventurier, vainement, assiste à la lutte surhumaine qui repousse bientôt les protagonistes… Jusqu’au delà du gouffre ? Oui, hors de vue, voilà qu’ils ont basculé, avec une absence de bruit qui tranche avec le vacarme extravagant des coups échangés.
L'exemple 2 se veut sans doute comique,mais je ne vois pas trop l'intérêt ici car:
1- Ca chamboule une fois de plus la synthaxe française
2- Le texte n'est pas en soi très comique (sauf erreur d'interprétation de ma part).
Les deux autres exemples n'apportent rien de particulier. Dans les 2 cas, tu as plein de solutions pour faire passer ton idée qui fasse, disons plus mature. Ton procédé "immersif" donne plus l'impression que tu t'adresses à des ados plutôt qu'à des adultes. Bref, ça me parait très maladroit si tu as quelques ambitions littéraires. L'idée de vouloir nous plonger dans la têt du personnage n'est pas à proscrire, sauf qu'à aucun moment dans le texte tu places le lecteur à avoir cette exigence ou ce besoin. Au contraire, tu le places plutôt d'une manière très distante avec tes personnages. Donc soit tu veux être immersif, alors tu dois t'intéresser à eux davantage et écrire tes scènes avec un vrai point de focal et non vue de haut. Soit tu veux cette distance et tu n'as pas à la faire.
Accessoirement, tu t'attardes à chaque sur des détails très peu immersif pour le lecteur. Disons que ça nous fait une belle jambe d'avoir été dans la tête du personnage pour ça. ;) Si tu veux t'adresser à des adultes, va falloir leur en donner davantage pour qu'ils se sentent vraiment immerger.
Bref, si tu veux faire immersif, alors il faut revoir tout ton texte.

Autre point un gênant, ta présentation des dialogues.
« - Alors, tu as pu l’avoir ? Non ? » nouvelle dénégation. « Je suis sûr qu’il était là, juste devant moi, pourtant ; un lièvre de belle taille, de quoi nous faire un bon repas : il s’est jeté dans ce taillis et…
Tu n'as pas besoin de multiplier les signes: ici on a les guillemets, le retrait et le tiret. Si tu emploies les guillemets, tu n'as pas besoin du reste. Je crois d'ailleurs que tu oublies parfois de les refermer.
Autre exemple:
« - On se remet en route. » Souffle Jones d’un ton sans contestation. L’aventurier tient la bride de l’arachsinge d’une poigne ferme, mais son attention reste figée dans l’ombre qui s’étend au loin. « Tout de suite.
Pour moi, il faudrait faire soit:
- On se remet en route, souffle Jones d’un ton sans contestation.
L’aventurier tient la bride de l’arachsinge d’une poigne ferme, mais son attention reste figée dans l’ombre qui s’étend au loin.
-Tout de suite!

soit:
«On se remet en route», souffle Jones d’un ton sans contestation. L’aventurier tient la bride de l’arachsinge d’une poigne ferme, mais son attention reste figée dans l’ombre qui s’étend au loin. « Tout de suite!".

De toute façon, d'une manière plus général, tes dialogues sont globalement très moyens. Tu devrais relire le topic où on en avait parler, tu verras qu'écrir de bons dialogues est très difficile (alors qu'en soit, on est généralement très vite satisfait). Ce sont des sialogues, comment dire, euh... Relis-les et dis-moi quelles sont leurs nécessités? Mise à part, bien entendu, un procédé bien pratique pour redynamiser sonrécit (et sur ce plan, tu n'y parviens même pas). Je me permets d'insister dessus car c'est une difficulté qui ne m'est apparu qu'il y a deux ou trois ans et qui fait que je sais que moi aussi j'ai écrit plein de mauvais dialogue que pourtant j'avais cru brillants! :laugh: Bref, des dialogues, ça doit s'utiliser parcimonieusement et en étant très exigeant. Et surtout pas pour cacher la misère!
Autre point gênant: le long monologue de Jones qui explique tout. D'abord, pour le coup, ton style n'est pas adapté pour un dialogue, tu es trop littéraire. Ensuite, le procédé est très maladroit. Tu explique tout ton texte là où il aurait été plus intéressé de tout suggéré. Du coup, je dirai que l'histoire que tu nous a raconté n'a plus d'enjeu.

Voilà, ces 3 points qui se cumulent rendent, à mon sens, la lecture inutilement déroutante. Du moins, je n'y vois pas la nécessité.

Un autre point qui déssert ton texte et qui touche au style, c'est ton choix de narration avec l'emploi du présent. Cela n'aide pas trop à faire immersif. Ni ne rend particulièrement dynamique tes scènes. Ceci est accentué par ton utilisation excessive de l’auxiliaire "être", qui est un verbe très neutre, de formulation en voix passive (encore avec l'auxiliaire être) et par des passages ou tu multiplies les verbes d'état (sembler, paraitre etc.). On se retrouve donc avec des formulations très molles qui n'aident pas à capter l'attention. Tu as du coup des passages entier à revoir pour chercher à impliquer davantage ton lecteur dans le récit. Ici, on est vaguement spectateur.


Enfin, j'ai essayé de lire ton texte comme une introduction à ton univers (alors que je me rappelle très bien de la première apparition de Jezebel). Je dirais que sur ce plan, pareil, ça ne fonctionne pas très bien. D'abord, à aucun moment, tu ne pousses le lecteur à s'intéresser aux personnages. Tu les places dans ton récit comme si on était censé les connaître.Et tu ne crées pas de vraies proximités avec (ou alors maladroitement cf. plus haut).
Le meilleur exemple est Jezebel. Tu dispose d'un personnage intriguant mais tu ne l'exploites pas. D'emblée, tu la présentes en mutante. On a envie que tu t'attardes un peu sur elle, mais non, c'est dit, et le lecteur doit se contenter de ça et de faire le travail à ta place. Au contraire, joue davantage avec cette attente pour en faire un personnage fascinant et non comme une femme normal qui se comporte normalement.
Pareil, quand elle se transforme. Aucune description. Paf, c'est une femme diamant; Et pis, c'est tout. Au lecteur de travailler! Je trouve que tu avais un beau morceau de bravoure pour montrer sa transformation. Du coup, je ne visualise pas ta scène. Le combat, s'il a lieu, devient dans ma tête une sorte de toupie qui tourne et qui se cogne et rebondit contre une plaque de métal. Je suppose que ce n'était pas ton but?
Donc, comme en plus, tu n'as pas aidé le lecteur à s'intéresser à tes personnages, c'est encore plus gênant.

Pour ce qui est du texte en lui-même, il donne une impression de confusion. Il y a là une part volontaire puisque c'est un peu le thème de cette forêt. Je dirais que ce point est assez réussi (même si je pense qu'il y a matière à rendre plus "clair" cette confusion). Et je dirais que la référence avec Predator fonctionne (au passage, il s'agit d'un bon film, plus intéressant et profond que la présence des muscles de schwarzi laisse attendre).
Mais cette confusion est aussi involontaire. D'abord, tu ballottes le lecteur entre Jones et Jezebel. Ensuite, il y a ton mélange de style. Parfois tu écris sur un registre soutenu (globalement, tes descriptions sont d'un bon niveau et sont pour moi le point fort du texte) puis tu passes sans transition à un registre plus approximatif quand tu veux immerger le lecteur.
Ensuite, tu ne donnes jamais de vrais enjeux à ton histoire. Le lecteur reste une nouvelle fois à l'extérieur. Il ne connait pas tes personnages, il ne sait pas ce qu'ils font là et en plus, tu déballes tout le contenu de ce qu'on était censé découvrir dans un long monologue.
Bref, tout est là pour qu'on ne s’implique pas dans l'histoire. C'est assez déstabilisant en fait quand on sait que tu sais normalement faire tout ça. Je dois dire que ma surprise a été grande d'autant plus que le textes Brumes m'avait vraiment plu (malgré les critiques, hein! ;) ). Le décalage entre les deux est vraiment immense.

Je tacherai de revenir plus tard sur les thèmes de ton texte. Mais en attendant, j'aimerai bien que tu me donnes un peu tes intentions de départ qui ont justifié ces choix qui me laissent autant mitigé sur le texte. Désolé d'être si négatif mais je pense que pas mal de choses devraient t'apparaitre si tu te relis à la lumière de ce que je t'ai dit.
Portrait de Iggy Grunnson
Iggy Grunnson a répondu au sujet : #20957 il y a 7 ans 2 mois
Et bien, les chroniqueurs sont des matinaux ;-)

Blague à part, ne t'en fais pas je ne prends pas ombrage de ta critique, c'est tout l'intérêt d'avoir des avis tranchés sur un texte. Ce qui est plus difficile pour moi étant donné qu'il s'agit d'un récit ancien, c'est de me remettre dans la peau de celui que j'étais quand je l'ai écrit, pour prendre sa défense à 100%. Mais bon, c'est mon choix de l'avoir publié ici après tout, alors voyons ce qu'on peut faire.

Sur les points-virgules, je ne suis pas du tout surpris de ta réaction puisque tu avais eu la même pour d'autres textes écrits à la même époque. D'un côté, tu es la seule personne à m'en avoir fait le reproche aussi clairement, ce qui me pousse à assumer cette manie ; de l'autre, il faut bien reconnaître que j'ai dû finir par me ranger en partie au moins à ton avis, puisque l'usage du point-virgule a été largement réduit dans mes derniers textes (dont "Lorsque les brumes...").

Pour le deuxième point, l'immersion, je comprends moins ce que tu veux dire. Dans le dernier exemple que tu cites en particulier ("L’aventurier, vainement, assiste à la lutte surhumaine qui repousse bientôt les protagonistes… Jusqu’au delà du gouffre ? Oui, hors de vue, voilà qu’ils ont basculé...") il me semble que l'effet produit - en tout cas recherché - est bien l'inverse : il y a une forme de distance qui se créé entre le lecteur et les événements, puisqu'au lieu d'assister directement aux échanges de coups entre Jezabel et le veilleur on n'a accès qu'aux observations d'Amphitryon. C'est un peu la spécificité du texte je pense, ce côté elliptique où les éléments qui devraient être au cœur de l'histoire sont à peine sous-entendus, comme le combat final qui est passé sous silence. Après c'est sûr que c'est surtout un texte d'ambiance, il n'a pas forcément quelque chose de très profond à dire sur ses personnages...

Pour la mise en forme des dialogues, tu dois sans doute avoir raison... Je ne suis pas fan des retours à la ligne en trop grand nombres, je serais donc plus proche d'adopter ta deuxième proposition (dans l'esprit, c'était d'ailleurs mon idée). Après je suis bien conscient d'être très moyen comme dialoguiste (c'est pour ça que je limite les dialogues au minimum dans "Lorsque les brumes...") et de toute façon le plus souvent je ne suis pas amateur des dialogues dans les textes des autres, je trouve que dans 99% des cas il y a un côté artificiel dans la façon dont les personnages parlent. Mais bon, je reconnais tout à fait qu'il y a sans doute des choses qui sont perfectibles de ce côté là dans le texte (encore que franchement, si la référence est Predator, on ne peut pas dire que ça vole très haut non plus, et c'est bien quand les dialogues disparaissent que le film trouve son intérêt...).
Je ne suis pas du tout d'accord avec toi sur le monologue par contre. Pour moi, loin de raconter toute l'histoire, c'est un point un peu accessoire de background qu'il dévoile, et dont on pourrait se passer sans que cela n'affecte le récit. C'est il me semble un procédé assez commun dans la fantasy, un peu comme quand Aragorn parle aux hobbits de Luthien Tinuviel pendant leur voyage vers Fondcombe (dans le film en tout cas, je ne suis plus sûr pour le roman!), ça donne une couche de densité supplémentaire à l'univers mais au fond ça n'a rien de fondamental dans l'histoire proprement dite.


Iggy

EDIT: mince, je me rends compte que je ne réponds qu'à une partie de tes remarques (tu as édité ton message entre temps ?), il me faudra un peu de temps pour le reste.
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20958 il y a 7 ans 2 mois

EDIT: mince, je me rends compte que je ne réponds qu'à une partie de tes remarques (tu as édité ton message entre temps ?), il me faudra un peu de temps pour le reste.


Oui, parce que je ne voulais pas perdre ce que j'avais déjà tapé. Trop de mauvais souvenirs...

D'un côté, tu es la seule personne à m'en avoir fait le reproche aussi clairement, ce qui me pousse à assumer cette manie ;


Heu... Plutôt de croire que ta manie est justifiable, renseigne-toi avant pour savoir si j'ai tort. ;) Dis-moi tout, quelqu'un t'a déjà dit que c'était super bien vu de les employé comme ça? :whistle:
Je sais juste que tu es le seul auteur au monde que je connaisse à les utiliser de la sorte (mais je ne connais pas tous les auteurs du monde, je te rassure). Je ne suis pas prof de français, mais je t'assure que tu produis ainsi parfois des phrases complètement incorrectes qui te discréditeraient auprès de pas mal de lecteurs. Et je ne pense pas être ni un modèle ni quelqu'un d'exigeant, je veux juste t'ouvrir les yeux sur un réel problème si tu veux te faire éditer, surtout que je ne comprends pas ce que ça t'apporte de jongler ainsi avec la ponctuation (sauf si tu as l'ambition littéraire de créer un style nouveau façon Proust ou Céline)

il y a une forme de distance qui se créé entre le lecteur et les événements, puisqu'au lieu d'assister directement aux échanges de coups entre Jezabel et le veilleur on n'a accès qu'aux observations d'Amphitryon.


C'est ce que je voulais dire, tu veux nous immerger dans la tête de Jones (plus court qu'Amphitryon :lol: ). Or nous n'avons pas de réelles possibilités de rapports affectifs avec lui dans le texte par rapport aux séquences que tu nous donnes, tout est au contraire très distancié.

Après je suis bien conscient d'être très moyen comme dialoguiste (c'est pour ça que je limite les dialogues au minimum dans "Lorsque les brumes...") et de toute façon le plus souvent je ne suis pas amateur des dialogues dans les textes des autres, je trouve que dans 99% des cas il y a un côté artificiel dans la façon dont les personnages parlent.


Un dialogue doit éviter de raconter l'histoire, ou pire l'expliquer. Et en même temps, il faut qu'il ait un certains sens ou une certaine nécessité. Ici, on peut supprimer les dialogues et je trouve que ça serait presque mieux. Il y a juste le "Tout de suite" de Jones (idéalement avec un point d'exclamation ;) ) qui, à mon sens, apporte quelque chose dans la mesure où ça dévoile un tempérament du personnage.
Par contre, je trouve que tu ne devrai pas capituler face aux dialogues. Au contraire, je pense qu'on peut très vite progresser dès qu'on comprend leurs forces et leurs limites. Encore une fois, je trouve que le topics où on en parlait (surtout si tu nel'as pas lu) très intéressant. Les dialogues de Vuld sont également très bons car très succincts, ses deux derniers textes illustrent parfaitement mon propos, tu devrais y jeter un coup d'œil.

C'est un peu la spécificité du texte je pense, ce côté elliptique où les éléments qui devraient être au cœur de l'histoire sont à peine sous-entendus, comme le combat final qui est passé sous silence. Après c'est sûr que c'est surtout un texte d'ambiance, il n'a pas forcément quelque chose de très profond à dire sur ses personnages...

Cette dimension est le point positif sur lequel je voulais revenir. Tu joues effectivement avec l'ambiance. Mais je dirais qu'il faut résoudre les problèmes en amont pour que cette dimension joue pleinement le jeu. Mais je trouve aussi qu'à force de faire dans l'ellipse sur les scènes clé et de tout déballer dans ton monologue ce qui était suggéré (et qu'il aurait été intéressant de faire découvrir progressivement), le lecteur manque de réelles accroches.

Pour moi, loin de raconter toute l'histoire, c'est un point un peu accessoire de background qu'il dévoile, et dont on pourrait se passer sans que cela n'affecte le récit.

Ce que je ne comprends pas pour ma part, c'est l'attitude de tes 2 héros s'ils savaient déjà tout ça. Et je ne comprends pas non plus pourquoi ils sont là, ni quel était leur enjeu à être présent ici. Or tu nous les montres comme s'il ne savait rien. Jones chasse le lapin. Jezebel n'est pas pressée de partir quand ça devient bizarre. Ce qui est encore moins cohérent, c'est pourquoi Jones ne le lui a pas tout expliqué avant s'il savait déjà tout ça.
En fait, pour ma part, le monologue raconte plutôt l'histoire que j'avais envie de vivre ou de comprendre à travers tous les phénomènes. Faisons l'hypothèse que Jones ignore tout. Il devient un personnage auquel le lecteur peut s'identifier. Il doit comprendre lui aussi ce qui se passe, chercher des info, s'interroger, faire des hypothèses. C'est ce que pour ma part je commençais à faire mais sans comprendre l'attitude des personnages. Et le fait qu'on me donne tout d'un coup, de manière complètement téléphoné, discrédite à mon sens toute l'histoire et son mystère, alors que cette légende est intéressante en soi. Je trouve que tu sous-exploites totalement son potentiel en ne fragmentant pas les infos au fur et à mesure (que tes perso pourraient eux aussi le découvrir).
Portrait de Iggy Grunnson
Iggy Grunnson a répondu au sujet : #20960 il y a 7 ans 2 mois

(sauf si tu as l'ambition littéraire de créer un style nouveau façon Proust ou Céline)


Avec plutôt José Saramago, Cormac McCarthy et Hubert Selby Jr pour exemples, c'était bien mon intention ;) Et oui il faut savoir se fixer des objectifs ambitieux dans la vie :laugh: ;)

Concernant les points-virgules je te trouve un peu dur honnêtement, mais d'un autre côté, je dois t'avouer que j'ai ré-ouvert le fichier de l'histoire avec dans l'idée d'y trouver des exemples à même de te clouer le bec, et que je l'ai refermé en me disant que j'étais d'accord avec toi. Comme quoi, ça a du bon de discuter! Au final, je suis assez d'accord pour reconnaître qu'il y a une grande majorité des points-virgules dans ce texte qui n'ont pas beaucoup d'intérêt dans le meilleur des cas.

Je dois dire que ma surprise a été grande d'autant plus que le textes Brumes m'avait vraiment plu (malgré les critiques, hein! ;) ). Le décalage entre les deux est vraiment immense.


Tant mieux pour moi, c'est que je progresse! Pour autant, je pense que l'écart ne peut-être pas aussi grand que tu le prétends. Une partie des reproches que tu me fais dans ce récit se retrouvent dans ton appréciation des Brumes, en particulier en ce qui concerne la distance imposée entre le lecteur et les événements, le fonctionnement un peu trop par sous-entendu de la narration.

Pour moi, dans cette histoire, Amphitryon est un comme un accro à l'adrénaline au bout du rouleau. Le sens du monologue, c'est moins l'information sur les robots que le fait qu'il est déjà au courant et qu'il s'est quand même jeté dans la gueule du loup. C'est cette même absence d'instinct de survie qui fait qu'il ne s'écarte même pas de la course du robot à la fin, alors qu'il doit bien se douter qu'il n'a aucune chance face à lui. C'est aussi pour ça que la transformation de Jezabel et le combat qui suit est traité avec autant de désinvolture: pour Amphitryon ce n'est qu'un "shoot" de plus, une routine qui ne parvient plus à l'exciter. De ce point de vue là, ce serait un contresens de rendre la scène plus spectaculaire, comme tu le propose.
Par comparaison, les scènes les plus anodines bénéficient de descriptions plus riches, c'est un peu la note d'espoir du texte car Amphitryon garde une chance de s'épanouir, plus en tant que héros mais en tant qu'homme "normal". Il me semble quand même qu'il y a une cohérence dans cette intention là au moins, je ne nie pas qu'il puisse y avoir des maladresses mais j'ai l'impression que tu es passé à côté de cette interprétation du texte dans ta critique.

Par contre, je trouve que tu ne devrai pas capituler face aux dialogues. Au contraire, je pense qu'on peut très vite progresser dès qu'on comprend leurs forces et leurs limites. Encore une fois, je trouve que le topics où on en parlait (surtout si tu nel'as pas lu) très intéressant.


Je vais y jeter un coup d'oeil, pour sûr! Merci du tuyau :cheer:


Iggy
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20961 il y a 7 ans 2 mois
En fait, j'ai essayé de lire ton texte en me disant que je ne connaissais pas tes personnages et qu'il était une intro à ton univers.

Pour moi, dans cette histoire, Amphitryon est un comme un accro à l'adrénaline au bout du rouleau. Le sens du monologue, c'est moins l'information sur les robots que le fait qu'il est déjà au courant et qu'il s'est quand même jeté dans la gueule du loup.

Dans l'optique de lecture que tu souhaitais, c'est impossible à comprendre en l'état. Toi, tu connais tout de ton personnage. Or le lecteur que tu demandes est censé tout ignorer.

Par comparaison, les scènes les plus anodines bénéficient de descriptions plus riches, c'est un peu la note d'espoir du texte car Amphitryon garde une chance de s'épanouir, plus en tant que héros mais en tant qu'homme "normal". Il me semble quand même qu'il y a une cohérence dans cette intention là au moins, je ne nie pas qu'il puisse y avoir des maladresses mais j'ai l'impression que tu es passé à côté de cette interprétation du texte dans ta critique.

Effectivement, je voulais y revenir dans les thèmes.

Avec plutôt José Saramago, Cormac McCarthy et Hubert Selby Jr pour exemples, c'était bien mon intention


Faut vraiment que je lise Hubert Selby Jr... J'ai lu des interviews de lui, je sais ce qu'il a écrit mais je n'ai jamais parcouru une ligne de lui...
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20990 il y a 7 ans 1 mois
Pour la note de celui-ci, j'aurai bien mis 2.5/5 parce que j'ai lu des choses nettement mieux de toi. "2" serait sévère mais je trouve que Brumes est tellement au-dessus et il y a des erreurs presque de débutant (les dialogues notamment). Je ne mets pas encore la note parce que ce serait bien qu'on essaie avant de mettre un cahier des charges entre nous, histoire d'avoir une approche un peu cohérente.
Portrait de Iggy Grunnson
Iggy Grunnson a répondu au sujet : #20991 il y a 7 ans 1 mois
Franchement, n'hésites pas à mettre 2, je ne m'en formaliserai pas et il me semble que c'est plus raccord avec ton ressenti... On verra bien s'il y a d'autres avis plus enthousiastes par ailleurs :)

Comme tu disais le système de notation n'a pas d'intérêt si on se limite à mettre des 3 et quelques 4 à tous les textes.

Iggy