file 8eme Portait: La Sentinelle

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il y a 8 ans 10 mois #20293 par Zarathoustra
8eme Portait: La Sentinelle a été créé par Zarathoustra

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il y a 8 ans 10 mois - il y a 8 ans 10 mois #20294 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle
Bon, finalement d'être passé sur le divan avec mes problèmes de personnages m'a aidé à finir mon texte. Je ne garantis pas qu'il soit parfait parce que je tenais à ce qu'il y ait au moins un nouveau texte dans la mise à jour de Décembre. C'est encore une version très proche d'une version à chaud.

Il a été écrit par blocs distincts et le problème qui m'a longtemps taraudé fut de leur donner une cohérence. Peut-être d'ailleurs que cela transparaît encore.
Mais je suis content d'avoir trouvé l'idée au milieu de la nuit pour finir ce texte. J'ai longtemps hésité pour le titre entre "l'ange déchu" et 'La Sentinelle". J'ignore si ça vous aidera pour l'apprécier...

J'ai essayé d'écrire un texte fantastique mais profondément réaliste. Et de jouer sur la confusion du narrateur. Un peu par plaisir de retrouver l'écriture d'un journal intime comme pour Allarielle, mais sans les enjeux d'une longue histoire. Juste creuser dans l'intime et voir ce qui en jaillirait. Quand je parle d'intime, bien entendu, n'y voyez pas de l'auto-fiction pour autant. C'est ça qui m'a intéressé dans ce texte, pouvoir faire vivre une dimension intime avec laquelle je puisse être spectateur, y compris dans ce qui peut parfois m'être personnel. Et que je ne pense pas être précisément là où on le lecteur l'attend. Mais ça, ça restera mon secret à moi. :whistle:

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il y a 8 ans 10 mois #20295 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle
J'avais commencé la MàJ et noté ton texte, j'avais commencé à le lire et... et ensuite la fatigue m'a forcé à tout arrêter en urgence. Demain si tout va bien je lis ton texte, je commente, puis je la fais cette MàJ.
Mais pour le moment la seule chose qui me vient à l'esprit c'est les ravages que peut causer un manque de sommeil.

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il y a 8 ans 10 mois - il y a 8 ans 10 mois #20296 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle
Je voudrais revenir sur le processus qui a abouti sur ce texte parce qu’en fait, c’est un peu un texte fait de bouts de textes, comme l’évoquait notre ami le Hibou. Pas forcément des « gammes » mais des idées de texte. Donc je vais essayer de vous expliquer comment j’ai construit ce texte (et peut-être que notre ami Hibou pourra ainsi nous montrer l’un d ses textes), un peu comme l’a fait aussi Feurnard pour son dernier, parce que j’ai trouvé ça assez intéressant. J’ai découvert un approche assez différente de la mienne et j'ai trouvé ça passionnant de découvrir son travail de "conceptualisation". Lui travaille beaucoup en amont, moi je travaille plutôt dans le texte. Et je construis au fur et à mesure, quitte à tout chambouler (c'est d'autant plus facile sur une nouvelle). En l’occurrence, ici, il n'y a jamais eu de plan.


Tout d’abord, il y a eu un dialogue avec un narrateur un peu omniscient sur son couple et sa femme. Il faisait une ou deux pages. Le monologue/dialogue a dû être écrit avant Pâques, je crois. Je l'avait sauvegardé sous le nom "La mort dans l'âme". J’en étais content mais je ne voyais pas trop quoi en faire. Puis, comme je n'arrivais pas écrire sur mes anciens textes, j'ai voulu me forcer un peu la main pour écrire. On devait être en mai ou juin. J’ai eu l’envie d’écrire un autre texte fantastique, mais un peu comme celui du professeur. Une sorte de fantastique de quotidien. J’ai eu alors l’idée d’un homme qui savait voler. Ca collait assez avec mon idée du fantastique parce que je pense que tout le monde rêve qu’il vole. Et plus personnellement, je suis quelqu’un qui plane assez dans la vie et j’ai d’ailleurs besoin de « planer », c’est-à dire de vivre un peu dans mon monde, celui des pensées ou des rêveries.

A partir de là, j’ai voulu exploiter mon dialogue. Alors j’ai voulu écrire l’histoire d’un couple qui se séparait et où l’homme perdrait ses ailes pour l’amour de cette femme, sauf qu’il se rendrait compte qu’il en aime une autre encore plus. Et cette 2eme histoire d’amour devait rester hors champ de manière à obliger le lecteur à partir du premier amour d’imaginer le second encore plus fort et passionnée. Sans avoir d’idée précise de la fin, je voulais que l’histoire se termine sur « elles me manquent », sans qu’on sache s’il parlait de ses ailes ou de ses deux femmes (et jouer avec « ailes » et « elles »). Dans cette histoire de rupture, je suis un peu influencé par des couples autour de moi. Je me dis qu’ils se sont aimés et j’ai du mal à comprendre comment ils en sont arrivés à se détruire à ce point.
Voilà, c’était l’idée de départ, ça devait 3 à 5 pages car l‘idée était de jouer avec plein d’ellipse en mettant en scène juste quelques séquences qui aurait dit les choses sans les dires. C’était au lecteur de combler les trous. Donc il y avait une scène où le narrateur expliquait le plaisir qu’il de voler. Une autre où il raconte son amour mais en expliquant qu’il en vivait un bien plus fort, la séquence du dialogue (où à un moment donné on pouvait avoir un doute sur laquelle des deux femmes il s’agissait). Et le texte avait gagné un nouveau titre: l'Ange Déchu.

Puis j’ai voulu étoffer ce texte parce qu’il était trop elliptique. Sauf que je l’ai fait sans avoir à ma disposition mon fichier word. Donc j’ai réécrit des séquences en me fondant sur mon souvenir de ce que je n’avais pas écrit et qui aurait mérité d’être développé. Ca c’était cet été. Donc là, j’ai l’idée de la tirade sur le grand amour, toujours avec l’idée de deux femmes et de laisser hors champ le grand amour. Un peu par lâcheté parce que je ne me sentais pas capable de l’écrire et puis parce que je voulais que le lecteur se le représente de lui-même. Sauf que pour ça, il fallait déjà que le premier soit tangible. Et puis, j’ai eu aussi l’idée de raconter comment cela lui était arrivé, avec la scène de la Maternelle. Et je réécris une nouvelle scène avec des sensations de vol. Tout ça sans trop savoir comment j’allais le séquencer. . Et entre temps j’avais dû écrire la séquence de l’enfant.
Je rentre et je découvre que ça colle sans coller. J’ai trop de séquences de vol, soit j’en ai deux, mais, je les trouve trop longues et qu’il n’y a pas de raison qu’il y en ait deux dans ma trame, et pour que ces séquences marché faudrait presqu’elles soient en trois blocs. Et puis mon dialogue fait trop bloc à part.


Alors, assez vite j’ai eu cette idée d’un homme qui serait justement en haut d’un immeuble. Il ne sait plus voler. Et « elles lui manquent ». Avec l’ambiguïté renforcer par l’idée également qu’il pourrait se suicider. Vlan, fin ! Et je tenais ma nouvelle de 6 pages, je crois. C’est septembre et je me dis que je vais y arriver pour la fin du mois. Je n’ai plus qu’à trouver le bon agencement. J’essaie, mais ça reste bancal. Donc je me dis qu’il n’est pas terminé et qu’il me manque juste une idée. Sauf que les semaines s’écoulent et j’ai pas d’autres ides. Parfois c’est juste une toute petite étincelle, et là je me dis que mise à part mon dialogue, ce que j’ai écrit est assez terne. D’ailleurs, entre temps, j’ai scindé en trois ce dialogue avec une séquence « mot absolu », celle de la prise de tête et celle du divorce (que j’ai dû rallonger un peu pour qu’il y ait vraiment une séquence dialogue).

Mais le vrai pouvoir du texte tient dans ses ellipses. Ce en soi qui me va, sauf que je n’ai pas l’impression d’avoir vraiment « écrit » un texte. J’ai collé des morceaux de textes. J’ai juste l’idée des lumières de la route que je veux rajouter et qui pourrait justement créer davantage d’introspection. Et je veux également que le texte joue davantage avec l’idée du haut de l’immeuble. Je veux que le texte débute ici et que l’histoire du couple soit raconter en flash back dans un ordre plus ou moins respecté. Et tout ça se passe dans la tête du narrateur. Et le texte se termine à nouveau en haut de l’immeuble, et là on sent davantage le doute de cet homme. Reste plus qu’à l’écrire. Ce doit être octobre. Sauf que je n’arrive plus à trouver l’envie de le faire. Et puis, je me dis que ce que j’ai écrit en vraiment pas terrible. Les idées sont certainement là, sans doute assez bonnes, mais le texte en lui-même est quelconque.

Et là, il y a deux jours, d’un coup, quasiment en pleine nuit, j’ai des déclics. D’abord j’ai l’idée de l’intro avec l’ami qui lui parle d’une femme avec des yeux d’hivers (effectivement suite au visionnage de deux Truffaut) et puis l’idée d’insérer le texte de la chanson (ce qui reste l’idée sur lequel j’ai toujours un peu de doute qu’elle soit pertinente, mais bon). Et je me sens prêt à écrire le début en haut de l’immeuble (justement avec le texte de la chanson). Ce que je fais dans la foulée du matin. Et là, en écrivant, j'ai l'idée d'un gars qui tient un journal, au dessus d'un immeuble et qui fait le bilan de sa vie. Justement en écrivant une sorte de journal intime.
Et là, enfin, je sens mon texte qui fonctionne. Je passe toute la matinée dessus. Je déplace des parties notamment sur le vol. Je rallonge certaine séquences, je crée une plus grande cohérence narrative. J’ai aussi l’idée de l’amnésie. Je rajoute la séquence de l’hôpital . Je travaille un peu la dimension "journal intime" en profitant de la structure elliptique d’origine pour jouer sur la confusion du personnage.

Et le texte a soudain plus que doublé, voire triplé… Je me relis et je trouve que l’histoire du second amour ne sert à rien alors que c’était censé être le nœud de l’histoire. Je supprime les références, je retravaille le texte en montrant que cet amour s’est imposé comme « le grand amour ». Je transforme une scène de vol en une sorte de séquence onirique pour créer une piste plus universelle sur le sens du texte.


Et là je me dis que je tiens un vrai texte. J’ai l’impression d’avoir vraiment écrit et d’avoir trouvé un ton, une voix pour ce personnage. Sauf que le texte est d’un noirceur un peu trop auto-complaisante… Du coup, je rajoute des séquences avec d'autres paroles. Et je termine carrément sur les paroles de la fin. Et c’est encore plus noir. Et là, je me dis qu’il faut que je trouve au contraire une fin « heureuse ». Et je la trouve dans la foulée en l’insérant avec des ajustements assez minimes. Et la fin retrouve une ambiguïté comme il se doit sur un texte fantastique.Ah oui, avec cette fin heureuse, le texte gagne un nouveau titre: La Sentinelle. Dimension que j'ai également un peu retravaillé de manière ultime (à dire vrai après l'avoir mis ici une première fois)..

Reste un point sur lequel j'ai un doute: est-ce que ces paroles produisent un effet intéressant ou elles sont ridicules? Pour moi, il y a un petit jeu ironique dans leur emploi. Mais pas sûr qu'il passe dans la tête du lecteur. Et puis, il y a aussi la volonté que ces paroles prennent aussi une vraie dimension tragique et que le texte arrive à leur donner sans forcément qu'on connaisse la chanson. Cela fait partie de la dimension personnelle du texte. J'ai retrouvé des émotions d'ado face à ces lyrics. Donc j'ignore si ça fonctionne comme cela fonctionne sur moi. Je voulais une sorte de rejet de cette immaturité et en même temps qu'il y ait une émotion tangible à les lire dans le contexte du texte. Bref, retrouver ces émotions troubles du monde de l'adolescence avec le regard d'un homme au milieu de sa vie, un peu comme moi. Pour moi, elles ont rendu possible ce texte tel qu'il est aujourd'hui. Sans elle, je ne suis pas sûr que le résultat aurait été celui-la. Mais il est vrai que le texte pourrait facilement s'en passer. Comme l'idée du second amour que j'ai abandonnée.

Voilà en gros comment ce texte a été construit. Le plus étrange pour moi est d’avoir écrit ce texte finalement sans avoir conscience de ce que j’allais y mettre. Le sens s’est fait par empilement. La personnalité du narrateur également. Et surtout, le texte a trouvé sa vraie fin longtemps après que je me sois lancé. Il n’est plus du tout elliptique et il a gagné cette forme de journal intime qui colle assez avec les textes fantastiques classiques.

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il y a 8 ans 10 mois #20304 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle
Attends non stop.

Je n'ai pas encore lu tes commentaires sur ton texte -- je me garde la surprise -- mais je me suis mis à la lecture et j'arrive à Stéphane au café. Donc le Stéphane parle d'amour puis le héros lui fait signe de sortir lui montrer ce qu'il a lui d'incroyable.
Et c'est des ailes.
Donc je répète, voilà le contexte. Deux potes dont l'un découvre que l'autre a une paire d'ailes. Réaction du pote ?

"Il n’en revenait pas. Mais en même temps, je le sentais tout entier la tête à son Isabelle.
- Tu ne veux pas m’accompagner, j’ai rendez-vous avec elle dans 10mn…"

WHAT?! NON MAIS WAS?!?!... ?!?!?!
Non non non non non nononononononononoon je reprends je répète je recommence, son ami. A des ailes. Son ami. Humain. A des ailes. Non je sens que c'est pas encore très clair alors réessayons.
SON AMI A DES AILES !!!!!!!!!!!!
Jskvhlksdbhoaqiwvhavlks HCoiikvahjlkvhsévlihdfbaladsfvoildw déOàCD-s C àCV

Tu ne peux pas.
Tu ne PEUX pas expédier ça en cinq mots.
TU NE PEUX PAS expédier ça en cinq mots après que j'aie traversé des PAGES de texte sur les émotions regrets réflexions tout ça. TU NE PEUX PAS EXPÉDIER CA en disant juste que le mec est amoureux.

Je suis désolé, on a dépassé l'invraisemblable, je sais même pas comment tu as pu pens- concevoi- imagin- COMMENT ?! COMMENT tu as pu croire... MAIS ENFIN !

Non d'un chien, Zara', Je sais que le fantastique n'est pas la priorité dans ton texte, que c'est les sentiments et tout ça, et je suis parti du principe que je devais m'intéresser à ce que vit le personnage, à ses réactions, son ressenti. Je me moque qu'il ait des ailes ou des réacteurs ou qu'il soit un alien de zébulon. Mais je me soucie des émotions.
Et là l'émotion du Stéphane est tellement à l'ouest que tu as inventé la première boussole en cinq dimensions, juste pour pouvoir la dérégler la seconde d'après.
Mais enfin je ne sais pas, imagine qu'on se rencontre un jour au café et que je te sors une valise et je fais "tiens, c'est la valise présidentielle, j'ai les codes, j'ai les moyens de déclencher l'hiver nucléaire". Tu n'en reviens pas. Et puis, la seconde d'après, tu me proposes d'aller visiter l'exposition de peinture au coin de la rue parce que mince, on était quand même venus pour ça à la base. La valise et les codes de l'armement nucléaire capable de déclencher l'Apocalypse sur Terre peut attendre.

...
Okay. Okay je pense que tu as compris ma réaction à chaud. Et là, doucement, je m'en remets.
Mais tu vois c'est ça, c'est ça que ça veut dire, "il n'en revenait pas". Je n'en reviens toujours pas.

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il y a 8 ans 10 mois #20305 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle
Très bien.

Passé mon coup de gueule j'ai repris la lecture.

Je suis obligé de souligner d'abord la longueur relative du texte. Trois fois, j'ai fait défiler la page pour voir la distance qu'il me restait. Les paragraphes eux-mêmes, une fois bien dans l'histoire, ne posent pas problème. On est là pour les pensées du personnage, on a ce qu'on veut et ça progresse. Mais même comme ça, il reste cette impression d'interminable à la fin de chaque paragraphe, parce qu'on n'a aucun moyen, durant la lecture, d'estimer où on en est au juste.
Les paragraphes posent problème avant que l'histoire ne soit installée. Tout ce qui précède le café et Stéphane est un parcours du combattant. Et de fait, l'abondance des phrases, des mots, l'impression d'en dire autant sur un objet à la fois fait qu'on porte moins d'attention aux détails. Je n'ai pas lu en diagonale, j'ai accroché, mais je n'ai rien retenu de particulier ou de marquant.

Quant à l'histoire elle-même, elle est en partie découse, et je pense que c'est volontaire.
Ce qui m'oblige là aussi à commencer par dire que tu sembles avoir voulu rajouter un niveau de lecture à une histoire qui n'en avait pas forcément besoin. Comme dit, on aurait sans doute préféré démarrer directement par le café de Stéphane. Dès que le personnage s'éloigne de sa plongée dans sa vie passée, c'est là qu'en général on décroche.
Mais revenons à l'histoire.
J'ai lu sans tenir compte d'aucun thème. Et dès le départ j'avais vu un bête détail. Le personnage a les jambes au-dessus du vide, assis. Puis il se lève et se met à marcher. Et là j'ai imaginé qu'il marchait dans le vide. On peut tout de suite se dire que non, il est plus logique de penser qu'il se promène sur le toit, mais voilà. Dès le départ, et ça allait continuer à divers points du texte -- renforcé par le coup de Stéphane qui "n'en revenait pas" en cinq mots -- j'avais l'impression qu'on me racontait une histoire impossible.
Du coup j'ai d'abord pensé que le personnage n'avait pas d'ailes, qu'il l'avait imaginé. Puis, même si c'est assez tardif, je me suis dit que tu utilisais les ailes comme une métaphore, par exemple pour le mari volage. Ça s'est quasiment confirmé quand il s'est avéré qu'un peu tout le monde semblait en avoir, à force. Et vers la fin, je dirais que le texte s'amuse beaucoup avec les expressions.
Mais bien sûr, il y a le coup de l'enfant qui a un accident. Difficile de croire qu'on obtient un pouvoir en se tapant la tête. Et comme j'avais aussi en tête la version où le personnage considérait le suicide, j'en ai évidemment déduit qu'on avait là un personnage qui était mort.
Ce qui m'a rappelé le thème.

Du coup il y a pas mal de confusion dans tout ça, mais -- et surtout pour les silences -- j'ai souvent eu l'impression d'avoir affaire à un fantôme incapable de lâcher prise.
La plus grande difficulté est qu'on n'a vraiment que les réactions du héros. Le reste du monde semble complètement indifférent. Les villes n'arrivent pas à voir un homme qui vole (sérieux...). Sa femme semble tout au plus ennuyée. Son fils est un fils. Personne pour faire "eh attends mais tu utilises encore un carnet d'écolier ? Est-ce que tu grandis seulement ?" ou bien aucun Stéphane pour faire "aaaaaaaaaaaaaaaaaaaah c'est quoi ces ailes te fous pas de moi c'est physiquement impossible". Le monde semble traiter tout ça comme si tout était normal, d'où une distance infranchissable.
L'indice essentiel devrait être le silence. La narration est la clé du texte. On nous dit que le personnage se tait, qu'il "parle pour ne rien dire" pour ériger ce mur, éviter de révéler son secret, et si cela vaut pour sa femme, cela vaut pour le lecteur. Il avoue, très vite, parler presque au hasard, et même hésiter à continuer. On a quasiment affaire à un narrateur menteur, qui cherche à nous distraire et qui nous le dit.

Mais de fait, on n'a jamais vraiment envie de percer le mystère, soit parce qu'on s'est inventé sa propre réponse assez vite, soit parce que personne dans le texte ne semble vraiment se la poser. Seul le narrateur aimerait qu'on le perce à jour. Même son fils nous trolle, à voir ce qu'il ne nous laisse pas voir.
Et puis, il y a aussi le fait qu'on se désintéresse du mystère pour se concentrer sur la relation entre cet homme et sa femme. Peu importe ce que représentent les ailes, on a juste ce couple qui progresse et qui se sépare, avec cette lenteur de la vie. C'est là pour moi que le texte brille. Pas de disputes en soi, pas de grand spectacle. Juste deux personnes qui se sont aimées, qui ne s'aiment plus, et le détachement qui opère naturellement. Crédible et vivant. Rien que pour ça, je peux conseiller la lecture.

Je dois encore lire tes remarques et, de là, revenir sur le point qui va m'intéresser le plus : le jeu de la narration. Je me dis que, dans le flot du texte, je me suis laissé avoir.
J'ai encore cette impression, vu le nombre de fois où le narrateur m'a parlé, que le texte m'a piégé...

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il y a 8 ans 10 mois - il y a 8 ans 10 mois #20306 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle

WHAT?! NON MAIS WAS?!?!... ?!?!?!
Non non non non non nononononononononoon je reprends je répète je recommence, son ami. A des ailes. Son ami. Humain. A des ailes. Non je sens que c'est pas encore très clair alors réessayons.
SON AMI A DES AILES !!!!!!!!!!!!
Jskvhlksdbhoaqiwvhavlks HCoiikvahjlkvhsévlihdfbaladsfvoildw déOàCD-s C àCV

Houlà, à ce point-là? :laugh: Le pure c'est que tu as totalement raison et qu'au début, ça m'avait frappé aussi..; Et puis à force de travailler ailleurs le texte... Je pense qu'à la place, le narrateur devrait effectivement se taire et ne pas oser s'imposer face à la fa pssion de Stéphane... Bien plus logique. Et parler à la place de sa frustration de ne pas avoir pu le dire même à lui..; Beaucoup beaucoup mieux comme ça.

Je suis obligé de souligner d'abord la longueur relative du texte. Trois fois, j'ai fait défiler la page pour voir la distance qu'il me restait. Les paragraphes eux-mêmes, une fois bien dans l'histoire, ne posent pas problème.

Oui, le texte est assez long. Mais, c'est le problème de lire sur un écran. Moi j'imprime. L'avantage, c'est qu'effectivement je sais à l'avance dans quoi je me lance. Mais ça, tu avouera qu'un auteur n'y peut rien sauf à dire au départ: attention, texte de x pages (il en fait une vingtaine avec une police de 14).

Bon, tout d'abord, ce n'est pas un texte de renard. il n'y a aucun piège avec le lecteur. Et je dirais que tout est vraiment dans le texte, il n'y a rien à chercher ailleurs. La seule chose qu'il vaut mieux, c'est effectivement voire l'action de voler comme une métaphore, mais bon, je ne pense pas que ce soit si important pour lire le texte. Et pas une métaphore très compliqué. C'est juste une allégorie sur le besoin de s'évader, de rêver ou de furie la réalité ou ses responsabilités. Ca ne va pas plus loin.
La seule chose qui peut piéger le lecteur, à mon sens, c'est la fin. Et encore, ce n'est pas un page, c'est une fin qui laisse le choix de l’interprétation plus qu'un piège. Même si, dans ma tête, il y a bien une fin que je préférerais aux autres.

Personne pour faire "eh attends mais tu utilises encore un carnet d'écolier ? Est-ce que tu grandis seulement ?

Ca surprend sans doute, mais 2 choses:
1- Si je devais écrire sur papier une histoire ou mon journal, j'écrirais certainement dans un petits cahiers. Donc moi, ça ne me choque pas.
2- Le narrateur est clairement présenté comme immature et il revendique cette immaturité. Cette immaturité colle d'ailleurs très bien avec obsession qu'il a de voler, si on y projette dessus une forme de fuite de la réalité et des contraintes.

Du coup il y a pas mal de confusion dans tout ça, mais -- et surtout pour les silences -- j'ai souvent eu l'impression d'avoir affaire à un fantôme incapable de lâcher prise.

Oui, c'est quelqu'un de cérébral. très cérébral. Et ça, c'est la part autobiographique que je ne peux nier. ;)

Et puis, il y a aussi le fait qu'on se désintéresse du mystère pour se concentrer sur la relation entre cet homme et sa femme. Peu importe ce que représentent les ailes, on a juste ce couple qui progresse et qui se sépare, avec cette lenteur de la vie. C'est là pour moi que le texte brille. Pas de disputes en soi, pas de grand spectacle. Juste deux personnes qui se sont aimées, qui ne s'aiment plus, et le détachement qui opère naturellement. Crédible et vivant. Rien que pour ça, je peux conseiller la lecture.

Il n'y a pas à chercher plus loin. C'est le seul thème qui compte vraiment dans ce texte. Un couple qui s'aime et qui se sépare. Et les remords de l'homme qui réalise qu'il a tout foiré en ne prenant pas son histoire d'amour au sérieux (par immaturité sans doute) et par égoïsme). C'est un texte, pur moi, tourné sur l'intimité. S'il possède une part parfois expérimental, elle est plus sur le style à mon sens, que sur sa signification.

Le mystère, il est là, il sert à alléger ce drame intime. A donner une porter un peu plus universelle. Je donne des clés, je le laisse ouvert, à chacun de se raconter son histoire. Moi, je la connais, mais j'accepte qu'on y voit autre chose.
Le thèmes des mots et des silences, pour finir, c'est sans doute une obsession personnelle. Je trouve que le sens de chacun est très complexe dans le cadre d'un couple. Donc dans cette dimension profondément intime. J'ai vraiment essayé d'être "hardcore" dans le sens anglais, sur ce couple. D'évoquer le cœur de ce couple et de ce qu'il a fait basculer. Sans vraiment rationaliser. juste le faire sentir. De procéder de manière impressionniste. Et que l'image au final soit, si possible, plus forte que si j'avais vraiment été linéaire et explicité.
Dans ma tête, ce serait plus un texte qui se ressent qu'il s'analyse. Je sais pas si je suis clair... :huh:

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il y a 8 ans 10 mois #20307 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle
Après avoir lu tes remarques -- et ta réponse -- effectivement, les ailes n'ont pas tant d'importance. On le devine assez vite en fait, et comme le texte ne s'y intéresse pas -- et les personnages non plus -- on peut largement les ignorer.

Mais le texte a vraiment ce côté où le narrateur dit qu'il ne sait pas s'il veut raconter, dit qu'il est désordonné, puis dit qu'il ne pouvait pas dire son secret et que cela causait des silences, des mots "pour ne rien dire". Tout cela, dans un texte qui s'adresse au lecteur, ce sont des signaux assez forts que la narration devrait le mimer.
Et honnêtement, ces paragraphes assez longs, avec beaucoup de petites pensées et cette distance générale à l'action, cela rappelle beaucoup sa stratégie pour ne rien avouer. Il veut se taire. Il a quelque chose à dire mais il semble tourner autour du pot. Et cela même si sa relation est passée au scalpel.
Cette impression est renforcée par le choix de le placer sur ce sommet d'immeuble, à se rappeler les événements. Le personnage a vraiment le contrôle total de la narration. On n'a que sa vision des choses, c'est lui qui choisit comment agencer, ce qu'il veut. Tu aurais pu jouer énormément avec ça, avoir entre le narrateur et le lecteur la même conversation qu'entre le narrateur et Isabelle.

Inversement, si le but était vraiment de se concentrer sur cette relation, alors j'ai l'impression que tu as rajouté beaucoup trop d'éléments qui "parasitent" l'essentiel.
L'accident de jeunesse n'a presque aucune utilité. Ce n'est pas un mauvais souvenir mais je ne vois pas ce qu'il ajoute. Il y a déjà un autre événement d'enfance -- l'enfant qui fugue -- qui est, quelque part, plus fort encore.
Le café avec Stéphane, de même, est surprenamment peu utile. Stéphane est l'un des deux seuls personnages à avoir un nom, et on ne parlera plus jamais de lui. On lui révèle les ailes, comme ça, au détour d'un café, alors qu'on est incapable de le dire à l'amour de sa vie. C'est un mauvais signal pour le lecteur, pour interpréter les enjeux à venir.
Et tu dis qu'il y a deux femmes mais, si tu regardes me commentaires, on se perd assez vite et au final pour moi il n'en a jamais eu qu'une. Il parle d'anciens et futurs amours et je l'ai cru volage mais au final je ne l'ai jamais considéré qu'avec une seule femme, et les deux qu'il a eues, si c'est le cas, sont indistinctes. Ce qui, pour un portraitiste comme toi, est plutôt curieux.

C'est un cas de texte où il faudrait couper. Beaucoup.
Ou alors revoir ces scènes en les liant à la relation à venir. À l'enjeu du silence. Comme tu dis, "même avec Stéphane" il ne pouvait pas en parler. Pourquoi pas même montrer deux amis qui se retrouvent après longtemps, cet incident menant à la rencontre avec Isabelle ; et en même temps, ces retrouvailles scellent, par le silence du héros, la fin de leur amitié -- et le héros nous dit "voilà, je n'ai rien pu lui dire et j'ai senti à cet instant la distance se creuser". On aurait eu toute la relation à venir contenue dans ce bref instant.
Je ne sais pas, en même temps ça aurait été un brin... déplacé. Mais bon.
Plus simple de couper, quitte à réinventer derrière.

Enfin, et sans doute, tu aurais pu introduire les ailes dès le départ. Comme quelque chose de banal. Voir, les subordonner d'emblée à l'amour. Quelque chose comme "entre Isabelle et moi, il y avait mes ailes." Puis le narrateur décrit ses ailes en termes dépréciatifs d'abord, puis mélancoliques, puis retour à Isabelle.
J'ai encore maintenant l'impression que tu n'as pas osé ou voulu raconter ton histoire d'amour sans y ajouter tout un tas de choses -- même si tu sembles plutôt avoir voulu commencer par les ailes, et l'amour s'y est ajouté ensuite.
Pour quelqu'un comme moi partisan du moindre mot, il m'aurait semblé plus rationnel de n'écrire que l'histoire d'amour, directement, en faisant partager l'expérience au lecteur sans même avoir à se plonger autant dans les pensées. Juste cette routine de l'homme qui a besoin de vivre, qui détruit ainsi son couple et qui le sait.
C'est suffisant.

Mais les ailes ajoutent quelque chose, alors en bref, c'est un de ces cas où il valait mieux avoir un texte un peu brouillon que pas de texte du tout.

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il y a 8 ans 10 mois - il y a 8 ans 10 mois #20308 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle

Et tu dis qu'il y a deux femmes mais, si tu regardes me commentaires, on se perd assez vite et au final pour moi il n'en a jamais eu qu'une

Et tu as bien raison. J'insiste: IL N'Y A QU'UNE SEULE FEMME. C'est une idée que j'avais eue et que j'ai abandonnée. La femme qu'il a épousée un peu comme ça, par défaut, au départ, devient, une fois qu'elle le quitté, la femme de sa vie parce qu'il s'était cru, en quelque sorte, "supérieur". L'idée de la seconde femme a été abandonnée comme je l'ai dit. Il croyait cherché une autre femme mais il l'avait à ses côtés, c'est dit explicitement. Donc pas besoin de se triturer l'esprit avec la seconde, je te rassure, j'ai bien supprimé cette idée.

Mais le texte a vraiment ce côté où le narrateur dit qu'il ne sait pas s'il veut raconter, dit qu'il est désordonné, puis dit qu'il ne pouvait pas dire son secret

Ah là, au contraire, je trouve que c'est complètement cohérent. C'est quand même au départ un gars qui pense sérieusement à se jeter dans le vide. Je le vois pas être super bien dans ses baskets.

Et honnêtement, ces paragraphes assez longs, avec beaucoup de petites pensées et cette distance générale à l'action, cela rappelle beaucoup sa stratégie pour ne rien avouer.

On est dans un journal intime. Pas dans un roman. C'est normale d'y trouvr plein de petites pensées. Et dans l'ensemble, la plupart parle de l'amour qui reste le grand thème du texte. L'amour qui ici s'oppose au besoin de liberté individuelle. C'est pour moi un vrai problème du couple. Un couple peut-il exister si on ne fusionne pas? Ou le fait de garder son indépendance le renforce-t-il? Faut-il être égoîste pour sauver son couple ou faut-il abdiquer pour lui? Encore une fois, tu es face un type qui analyse tout. Et qui est tout à fait lucide sur ce qu'il a fait subir à son couple et à son épouse. Mais les réponses à toutes ses questions sont très complexes.
Et une chose également qui est dit et qui, pour ma part est mon opinion personnelle, par amour, on veut changer pour être plus proche de l'autre. Mais on devient un monstre. Et l'autre qui réclame ça de l'autre est un monstre aussi. Et en même temps, on ne peut pas rester le même au contact de l'autre acr on serait également une autre forme de monstre par rapport à son couple. Un couple ce n'est pas 1+1=1 ni 1+1=2. Quelque part, il faudrait que 1+1=3...

et que cela causait des silences, des mots "pour ne rien dire". Tout cela, dans un texte qui s'adresse au lecteur, ce sont des signaux assez forts que la narration devrait le mimer.

Encore une fois, cette dimension du texte touche l'intimité du couple. J'ignore si tu vis en couple, mais c'est très dur de communiquer avec quelqu'un chaque jour. Tu verras qu'il y a des mots qui ne veulent rien dire, des mots qui veulent dire autre chose que ce qu'ils disent. Et des silences qui en disent deux fois plus qu'une longue tirades. Ce n'est pas du métadiscours. C'est, je pense, très terrifiant sur ce que doivent vivre les couples pour traverser les années.

C'est un cas de texte où il faudrait couper. Beaucoup.

Je ne pense pas. C'est un texte qui pourrait encore être rallongé. C'est presque un sujet de roman. On peut aller beaucoup plus loin que je ne l'ai fait. En ce sens, tu as peut-être raison, il y en a trop pour la longueur et pour une nouvelle. Peut-être. Mais la richesse des thèmes donne aussi de la place pour que chacun se fasse sa propre histoire et sa propre fin. Il est d'ailleurs fort probable que la fin que j'ai choisi dans ma tête soit effectivement un peu noyé par l’empilement des thèmes.

Le café avec Stéphane, de même, est surprenant peu utile. Stéphane est l'un des deux seuls personnages à avoir un nom, et on ne parlera plus jamais de lui. On lui révèle les ailes, comme ça, au détour d'un café, alors qu'on est incapable de le dire à l'amour de sa vie. C'est un mauvais signal pour le lecteur, pour interpréter les enjeux à venir.

Oui, il est peu utile, mais j'aime cette scène, ça explique la rencontre, ça montre également le narrateur sous un angle plus complet (parce que sa personnalité transparaît beaucoup, et ce sont des points de personnalité qui, à mon sens, expliquent également beaucoup sa psychologie sans forcément en faire l'analyse). C'est l'une des rares scènes où le narrateur peut-être jugé extérieurement et non à travers ses yeux.

Enfin, et sans doute, tu aurais pu introduire les ailes dès le départ. Comme quelque chose de banal.

Je pense plus intéressant de faire mariner le lecteur et, qui plus est, de le surprendre par cet élément alors qu'il ne s'y attends pas vue comme l'histoire commence.

Pour quelqu'un comme moi partisan du moindre mot, il m'aurait semblé plus rationnel de n'écrire que l'histoire d'amour, directement, en faisant partager l'expérience au lecteur sans même avoir à se plonger autant dans les pensées. Juste cette routine de l'homme qui a besoin de vivre, qui détruit ainsi son couple et qui le sait.
C'est suffisant.

Je pense que ces pensées rendent le côté effrayant d'une rupture. Et puis, j'insiste, tu mis un journal intime. On y note, à mon avis, plus ses pensées que son histoire. Certes, le narrateur apostrophe un le lecteur... Parfois, il s'adresse à Isabelle. Mais un journal intime est un lieu où tu cherches un confident (je suppose, j'en ai jamais tenu). Du temps d'Allarielle, on m'avait fait, à juste titre, la remarque qu'on s'dressait à son journal comme une personne. "Cher journal etc.". Bon, là, on a un adulte, je ne le vois pas procéder de la sorte, mais il n'en reste pas moins qu'il se parle parfois à lui-même comme à une autre personne.
D'ailleurs, pour ma part, je songe à écrire un récit à la seconde personne du singulier. Il y a même une petite tentative ici. Il y a pas mal d'expérimentation dans l'écriture de ce texte. J'ai essayé que cela reste fluide (a priori tu m'as dit que ça se lisait assez bien malgré la longueur, ce qui était ma crainte)

L'accident de jeunesse n'a presque aucune utilité. Ce n'est pas un mauvais souvenir mais je ne vois pas ce qu'il ajoute. Il y a déjà un autre événement d'enfance -- l'enfant qui fugue -- qui est, quelque part, plus fort encore.

Il faut le voir comme une séquence très classique dans le fantastique classique. On cherche à expliquer ce qui n'est pas rationnelle. C'est le narrateur qui cherche une explication, mais l'auteur ne garantit pas l'exactitude de ses dires... :cool:

J'ai encore maintenant l'impression que tu n'as pas osé ou voulu raconter ton histoire d'amour sans y ajouter tout un tas de choses -- même si tu sembles plutôt avoir voulu commencer par les ailes, et l'amour s'y est ajouté ensuite.

C'est bien le contraire qui s'est passé: j'ai eu d'abord l'idée des ailes, mais j'ai écrit la liaisons narrateur/isabelle en premier. Et à part "Elles me manquent", j'avais peu d'éléments de fantastiques dans le texte de départ. Je savais que j'allais développer le thème des ailes après parce qu'il est plus simple à traiter. Et sacrifier les ailes pour l'amour d'une femme était en soi quelque chose de suffisamment fort (en gros c'était au début la seule chose que je disais).
Même si je parle de l'amour, je ne raconte pas une histoire d'amour. . Je parle d'une rupture et de ce qui a poussé cette rupture.. C'est différent.. A aucun moment je n'essaie de donner naissance à l'amour dans la tête du lecteur, il n'y a rien de romantique dans la présentation. C'est même, j'espère bien, le contraire. C'est au lecteur d'imaginer la force de l'amour à partir des implications de la rupture et non l'inverse.C'est une histoire normale, avec une souffrance normale sauf que.... Le lecteur doit faire le boulot. En soi, certes le narrateur se rend responsable de l'échec, mais Isabelle a joué son rôle aussi. Ce n'est pas une martyr. Le lecteur a de quoi faire le procès et la défense et l'accusation des deux. Même si, bien entendu, c'est le dossier du narrateur qui est le plus complet. Isabelle n'a quand même pas su donner envie au narrateur de lui confier son secret ni de l’empêcher de voler. Pour un couple, c'est quand même grave. Tu t'imagines vivre tous les jours avec quelqu'un et ne pas lui avouer ce qui hante tes pensées? C'est un texte avec un dossier à charge contre le narrateur, mais parce que c'est présenté subjectivement par lui. Au delà des éléments subjectifs, on peut quand même trouver les faits.
C'était un peu la même logique avec le Professeur. On a un narrateur qui donne sa vision ou qu'il laisse hors champ des éléments importants délibérément ou inconsciemment ( ce qui en dit tout aussi long sur lui). C'est une approche de l'écriture à la première personne que j'aime bien. Cette subjectivité est aussi une façon de décrire le narrateur sans le décrire... Le narrateur n'a même pas été foutu de voir qu'il tenait dans ses bras son grand amour par égoïsme de vouloir continuer de voler! Faut pas s'étonner qu'il ne soit pas toujours très lucide malgré son aisance à raisonner... Il raisonne bien, mais parfois un peu à vide.

Mais les ailes ajoutent quelque chose, alors en bref, c'est un de ces cas où il valait mieux avoir un texte un peu brouillon que pas de texte du tout.

Ne crois-tu pas que le côté brouillon (lié au fait qu'on lise un journal intime), le foisonnement de thèmes et de pensées contribuent justement à créer quelque chose qui fait la force ou le charme du texte? C'est un texte qui reste volontairement ouvert et flou. Le lecteur a une grande liberté. A lui d'en profiter. Je pense qu'on peut lire plusieurs fois le texte, il livrera d'autres choses. Et j'ose bien espérer qu'il ne se livre pas entièrement et qu'il reste de la matière à le relire. J'ai été assez loin dans certaines directions. Et certaines choses m'ont été également souffler par mon inconscient. Et généralement, je fais beaucoup confiance à ce qu'il me chuchote. Surtout quand je ne le vois pas tout de suite. :) Par exemple, le thème du vol possède plusieurs interprétations. Il y en a une que je n'avais pas vu, mais qui est évidente et je comprends mieux la honte de mon personnage de voler! :oops: Et pourtant, c'est tout à fait logique...

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il y a 8 ans 10 mois #20311 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle
Je pense que je vais me concentrer sur le côté "journal intime" et l'introduction des ailes.

C'est vrai, et ça fait même partie de ton style, que toutes ces petites pensées apportent beaucoup, tant à l'atmosphère générale (qui pousse à s'intéresser aux émotions) qu'au contenu lui-même, sans lequel on ne comprendrait pas le poids des silences et des petits gestes.
Mais si c'est normal de les trouver chez un amoureux en introspection, je ne suis pas tant sûr pour un journal. Autant, en bon linguiste, je suis forcé de reconnaître l'importance de la communication dans un couple -- et comment il faut tout renégocier constamment -- autant je dois aussi reconnaître l'effort que représente d'écrire.
Il y a l'effort fait pour aligner les lettres, ça prend du temps et de l'énergie. Il y a le fait que tu n'as pas envie de raturer, tu n'es pas censé pouvoir effacer (ou ça demande encore plus d'efforts) et du coup tu veux être sûr de ce que tu vas écrire. Et puis il y a les pensées elles-mêmes qui passent très, très vite. Alors oui, les journaux, surtout à l'époque -- salut Anne Frank -- pouvaient être très étoffés, mais je m'attendrais plutôt, surtout pour quelqu'un qui considère le suicide, à ce que ce soit assez lapidaire.

Je n'ai aucun problème à ce qu'il détaille chaque instant de sa relation passée. C'est ce que ferait quelqu'un d'amoureux. Rien que le faire procure du plaisir, même pour les instants douloureux. Ça rapproche de l'être aimé.
J'ai un peu plus de problème à ce qu'il détaille ses pensées sur sa relation. Quand il se met à être plus général. C'est là qu'il faiblit, qu'il ne dit plus grand-chose et que, suicidaire, il ne devrait même plus s'y intéresser. Le ton devrait être différent. Ou tout cet espace au-delà de la relation ne devrait pas, à mon sens, exister.

Ça envoie, de toute manière, un mauvais signal au lecteur.
Et c'est pour ça que l'introduction des ailes importe.
Pendant une page, tu annonces quelque chose d'extraordinaire, le narrateur veut raconter cette chose à Stéphane et, par extension, au lecteur. Le lecteur, en retour, doit s'intéresser à cette chose. D'où, quand on nous révèle que c'est des ailes (okay ça valait la peine d'attendre, en effet), le lecteur qui aimerait ne pas en revenir pendant plus de cinq mots. L'amour de Stéphane tout ça on veut bien s'y intéresser mais plus tard. Les ailes d'abord.
Or, par la suite, tu inverses complètement l'importance. Les ailes sont juste... là. Elles sont la cause de la rupture, du retrait, tout ça, mais les ailes sont juste une excuse. On mise tout sur la relation et du coup un lecteur comme moi perd beaucoup de temps et de concentration à se tourner sur un mystère qui n'a même pas lieu d'être. Perdant du coup pas mal de la relation elle-même, de ses détails, parce que ça ne parle pas des ailes.

C'est pour ça que, dans l'idéal, l'introduction des ailes devrait en même temps dire au lecteur l'importance qu'il doit leur attribuer. Et pas juste aller au rendez-vous après un haussement d'épaules.
C'est sans doute Petch et ses dialogues qui m'a poussé à y réfléchir, à la discussion entre le narrateur et le lecteur, même quand l'auteur ne s'en rendrait pas compte. Et ici je me dis qu'on passe le mauvais message.
Quelque part je parle de couper le passage de l'enfant qui se blesse parce que là encore ça détourne l'attention du lecteur. Pareillement, ça lui crée un centre d'attention qui n'est jamais vraiment exploité, qui ne contribue pas au reste du texte. Et oui, le texte pourrait être étendu, et étendu encore, développé. C'est une bonne histoire pour un roman. Mais il doit se concentrer sur la relation. Tout doit revenir à ça. Un peu comme une Madame Bovary ne parle que d'ennui, peu importe ce qui se passe.

Enfin bref.

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il y a 8 ans 10 mois - il y a 8 ans 10 mois #20312 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle
Tu es quelqu'un d'impitoyablement rationaliste. Et je m'incline. :) Tu as raison, la scène d l'enfance ne sert à rien, on peut l'ôter sans que cela n'affecte l'histoire. La scène de Stéphane, pareil, ou tout du moins à reprendre entièrement.
J'ai toutefois deux arguments pour les défendre. Le premier, c'est qu'il s'agit aussi d'un portrait et qu'en tant que tel la scène d la maternelle en dit beaucoup sur le narrateur. C'est presque une confession impudique... Elle ancre le narrateur en tant que personnage.
La seconde, c'est que cela fait aussi partie d'une sorte de ponctuation dans le texte. Une séquence qui raconte plus qu'elle analyse. Je pense qu'un lecteur en a besoin. C'est une rupture qui le distrait dans les deux sens du terme. En ça, tu as raison, cela distrait le lecteur de l'essentiel. Sauf s'il s'agit pour lui de savoir qui il a en face de lui et s'il veut le comprendre vraiment.
Une dernière chose. Je l'ai dis, mais ce personnage a une grande part d'immaturité qu'il assume du reste totalement. Le fait de le montrer tout enfant renforce, je l'espère, cette dimension. Elle explique qui il est resté d'une certaine manière. Et sans doute bien mieux que si j'avais écrit une séquence d'introspection analytique. Quelque part, elle est même un condensé ou un résumé de toute une partie de lui. Je parlais de dimension "hardcore"; Le hardcore de cet être, c'est cette séquence qui la montre. En tout cas, pour moi.

Quand il se met à être plus général. C'est là qu'il faiblit, qu'il ne dit plus grand-chose et que, suicidaire, il ne devrait même plus s'y intéresser. Le ton devrait être différent. Ou tout cet espace au-delà de la relation ne devrait pas, à mon sens, exister.

Une réponse en forme de question: d'après toi, est-il monté sur ce toit pour se suicider? Je ne pense pas. L'idée est dans son esprit, tourne autour de lui comme un insecte, comme cette chanson. Mais je ne pense pas que tu as quelqu'un de suicidaire. Désespéré plutôt. La nuance est dans le fait qu'il n'est pas monté pour ça (en tout cas pour moi) et c'est d'autant plus vrai que son histoire termine sur une séquence avec son enfant. Il ne peut pas se donner la mort. Il le sait. Et cet enfant qu'il a eu le rend "adulte". C'est le seul moment où on le voit vraiment comme tel. A la limite, on peut se poser la question s'il n'a pas arrêté de plus pour lui que pour elle...

Pendant une page, tu annonces quelque chose d'extraordinaire, le narrateur veut raconter cette chose à Stéphane et, par extension, au lecteur. Le lecteur, en retour, doit s'intéresser à cette chose. D'où, quand on nous révèle que c'est des ailes (okay ça valait la peine d'attendre, en effet), le lecteur qui aimerait ne pas en revenir pendant plus de cinq mots. L'amour de Stéphane tout ça on veut bien s'y intéresser mais plus tard. Les ailes d'abord.

Encore une fois, ton regard est très rationaliste. Mon épouse s'intéresse certainement plus à son histoire d'amour qu'aux ailes (faudrait que je lui demande).
En fait, je ne sais pas si tu l'as remarqué ni si c'est une bonne chose, mais le texte joue beaucoup sur avec le lecteur sur une formulation assez déceptive des choses: "je suis un type insignifiant", "une histoire d'amour banale", "j'ai truc extraordinaire mais bon, on va pas non plus en faire un fromage.". Donc tu as raison, mais j'ai essayé de minorer tout ce qui pouvait rendre le texte excitant. En soi, tu dis que je distraie trop le lecteur en le distrayant du vrai sujet, mais en même temps, je tempère son ardeur à vouloir imaginer des truc incroyable. C'est, selon moi, une façon de renforcer le drame de ce couple. Accessoirement de renforcer le réalisme du texte (et de ce fantastique). Je n'ai pas envie qu'on vois un homme avec un super pouvoir. J'ai envie qu'on vois un homme normal sur lequel on puisse s'identifier et qu'on puisse comprendre. J'ai envie qu'on comprenne que ce pouvoir est accessoire, un symbole. On peut d'ailleurs y mettre beaucoup de choses. Je n'en fais pas un truc extraordinaire parce que je veux que tout le monde sente que ça a du sens dans la vie de chacun.

Après, je ne dis pas que ma façon de faire est la bonne. Tu as tes raisons. Et des raisons de lecteur, donc je les intègre. Ca me fait réfléchir sur mon texte. En l'état, je ne sais pas lequel de nous deux a raison. Moi en tant qu'auteur ou toi en tant que lecteur... En tout cas, c'est très intéressant.

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il y a 8 ans 1 mois #20600 par San
Réponse de San sur le sujet 8eme Portait: La Sentinelle
Agréable lecture. Ca se voit que ça a été écrit par blocs puis réassemblé, mais c'est pas tellement gênant. J'ai bien aimé la thématique, les ailes, le vol. Ca m'a rappelé mes rêves de vol, les scènes de vol décrites pourraient bien être certains de mes rêves d'ailleurs ^^

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